C'est toujours un peu niais, les chansons d'amour. C'est souvent un peu triste aussi, car à moins d'être dans une comédie musicale, quelle raison y a-t-il à beugler son bonheur à la face du monde ? Les bonnes nouvelles font rarement recette. Une chanson d'amour, ça s'écrit avec des toujours et des jamais. Ça parle d'un état euphorique dans lequel on est un peu crétin.
The Drums ont bien assimilé la dimension crétine du projet en répétant ad libidum les phrases clichés les plus éculées du genre : "I won't see you again" ("In the cold"), "I will never hate you, but you're hard to love" ("Hard to love") ou "I don't understand my loooo-oooo-ooove" ("I don't know how to love"). A l'âge du Biactol et des excès de sébum, ce disque s'impose donc comme une bonne méthode pour acquérir les rudiments de la langue anglaise, sans accent pour ces gars de l'Ohio.
Lorsque des séries télévisées britanniques comme The Misfits osent toutes les transgressions, on regrette que le groupe américain qui singe tant et tant la production anglaise manque à ce point d'audace. Portamento est dans la lignée des productions de Vampire Weekend pour le côté sautillant. Seule la basse, gallupienne, retient ces chansons en contact avec la terre. Leur légèreté risquerait autrement de les laisser s'envolée au gré du vent ("Days ","I need a doctor ").
Pas désagréable, mais anecdotique, Portamento vivra le temps d'une saison. Le phénomène de hype semble passé, et le renouvellement des effectifs au sein du groupe n'a pas amené de second souffle à un groupe qui, dès son premier opus, apparaissait sympathique mais trop classique pour longtemps faire la course en tête. |