Pièce musicale de Peter Brook, Franck Krawczyk et Marie-Hélène Estienne d'après une nouvelle de Can Themba, mise en scène de Peter Brook, avec Nonhlanhla Kheswa, Jared McNeill, William Nadylam et les musiciens Arthur Astier, Raphaël Chambouvet et David Dupuis.
Dans "son théâtre", celui des Bouffes du Nord, Peter Brook reprend, avec la collaboration de Franck Krawczyk et Marie-Hélène Estienne, un de ses spectacles phares créé en français, "Le costume", dans une nouvelle version en forme de pièce musicale en langue anglaise.
Pour l'intrigue, "The suit", adapté d'une nouvelle du romancier sud-africain Can Themba, se présente comme un drame conjugal sur fond d'apartheid érigé en fable tragique.
Dans la petite communauté sud-africaine d'un township voué à la démolition par la politique de ghettoïsation urbaine de la population noire, le bonheur apparent d'un jeune couple sans histoires est détruit par l'infidélité de la femme.
Si les prémisses ont des allures de vaudeville, l'amant surpris sur le fait ne se cachant pas dans l'armoire mais prenant la poudre d'escampette en petite tenue, l'intrigue vire au drame avec le châtiment décidé par le mari qui impose la présence permanente du costume de l'amant abandonné sur place comme une tierce personne.
Ce châtiment va les anéantir tous deux, les condamnant lui, par le rappel de son infortune, à une impossible résilience et elle, par le symbole de la trahison, à l'humiliation publique.
Un décor minimaliste et malin de Oria Puppo composé de portants mobiles et de chaises dont le ballet coloré réaménage les différents lieux scéniques et donne du mouvement à une pièce essentiellement narrative et en musique du fait de l'omniprésence de la musique.
Au syncrétisme de la partition musicale écrite par Franck Krawczyk, en bande-son accompagnée d'une interprétation en live par un trio guitare, piano, trompette composé de Raphaël Chambouvet, Arthur Astier et David Dupuis, répond celui du jeu qui puise dans tous les registres théâtraux pour raconter une histoire aux couleurs de la vie.
De manière très fluide, avec "ce naturel propre au théâtre" cher à Peter Brook, les comédiens, à la fois récitants et acteurs de la fable, donnent vie à des personnages simples et attachants.
L'américain Jared McNeill et l'anglais Rikki Henry, dans une prestation plurielle et le français William Nadylam, au jeu particulièrement subtil dans le rôle du mari, sont très à l'aise dans une mise en scène qui intègre également une part de jeu interactif avec le public.
Un peu moins pour la chanteuse sud-africaine Nonhlanhla Kheswa dont c'est le premier rôle sur scène mais dont la voix irradiante fait merveille lors des intermèdes chantés comprenant notamment des chansons de son pays a cappella |