Il est sans surprise, le nouveau Shearwater : il est beau, aérien, contemplatif, évoque la vie animale, relègue Coldplay au second rang, met en avant la voix toute en subtilités de Jonathan Meiburg – et risque comme les sept précédents de lancer de fort peu passionnantes discussions consistant à savoir s'il est réellement moins bon que les précédents, si Shearwater se répète, si au contraire le groupe rate sa réinvention...
Premier album chez Sub Pop, Animal Joy reste pourtant dans la droite ligne des productions précédents du groupe ; et il faudrait être bien (trop) attentif aux fictions promotionnelles pour s'imaginer que l'on entend réellement une différence avec les trois albums précédents, regroupés en trilogie (Palo Santo en 2006 ; Rook en 2008 ; The Golden Archipelago en 2010).
Bien sûr, l'album est légèrement plus direct, moins progressif. Mais il n'y a aucun hiatus notable, aucune révolution. Peut-être même pas un album de transition. Ne reste que cette impression délicieuse qu'un Mark Hollis extasié et serein s'est invité à remplacer Sivert Høyem sur le Grit ou le Deep End de Madrugada. Naît, surtout, un heureux sentiment de gratitude : on peut encore être altier sans être prétentieux ou artificiel, en 2012. |