Monologue écrit et mis en scène par Florian Pautasso et interprété par Ava Hervier.
Lucien va être mis en terre. Autour de lui sont réunis ses amis et ses proches. Chacun témoigne à sa façon de l'attachement qu'il avait pour le défunt.
Mais face à cette inconnue qu'est la mort, leur parole en dit plus sur leur rapport à la vie et sur la manière dont ils sont prêts à rencontrer la Grande Faucheuse que sur Lucien lui-même.
L'enterrement est un thème récurrent dans la création dramatique, mais plutôt comme un décor ou une circonstance particulière destinée à faire se retrouver un groupe d'amis quelques années plus tard, ou à créer un élément de tension propre à faire rebondir une intrigue.
Avec "Show funèbre à 7 voix", Florian Pautasso aborde la question de la mort de manière frontale. Lucien est d'abord l'incarnation du fait que chacun des protagonistes est mortel. De par son sujet le texte de Florian Pautasso peut rebuter, de part sa forme il peut surprendre.
En effet, aucun des personnages n'est vraiment mis en relief. Dans sa mise en scène, il a choisi de ne pas différencier les protagonistes, qu'ils deviennent hystériques de peur devant le corps du défunt, ou qu'ils décident de célébrer la vie.
Ainsi Ava Hervier interprète-t-elle seule les sept personnages réunis autour de la dépouille. Elle ne transforme pas sa voix, ne change pas de vêtements, il n'y a que son maintien et ses actes qui puissent donner des indices sur le personnage qui parle. Très vite les voix s'entremêlent, se chevauchent, et le spectateur est alors perdu dans un maelström de paroles contradictoires les unes avec les autres.
Ce choix de mise en scène osé plonge le spectateur dans la situation du questionnement face à la mort, mais ne peut fonctionner que grâce à une actrice ou un acteur qui ne se contente pas de jouer les émotions, mais doit aller au-delà en incarnant l'esprit, non du défunt, mais du texte de l'auteur.
Ava Hervier parvient à brillamment relever cette gageure. La jeune actrice, déjà remarquée dans dans "Putsch !" et "La pluie d'été", passe du réalisme au surjeu assumé, et du tragique au comique, alors que la pièce ressemble de plus en plus à un puzzle dont les pièces seraient étalées, mélangées.
Sa prestation très dynamique se rapproche plus de la musique ou de la danse contemporaine que du théâtre, tant le spectateur doit projeter sur le jeu de l'actrice son propre affect afin d'en saisir un sens.
Cette pièce peut autant irriter qu'enthousiasmer par son sujet et sa forme, mais il est certain qu'elle ne laisse pas indifférent. Quant à la prestation d'Ava Hervier, elle est étonnante et se doit d'être saluée. |