Spectacle jeune public conçu et mis en scène par Jean Lambert, avec Quantin Meert et François Sauveur.

A peine ce "Tête à claques" commencé, on se dit qu’on va assister à quelque chose de fort, original et mémorable. Cela ne sera jamais démenti tant ce spectacle, joué à cent à l’heure, est un vrai choc.

C’est l’histoire, dans un village de Belgique, de deux jumeaux rejetés de toute part et tentant de s’intégrer dans un village hostile. Ils tenteront de conjurer leur destin avec l’aide d’un coq, champion de la "chanterie" (concours de chants de coq).

Sous forme de fable rurale, "Tête à claques" raconte les ravages d’une enfance difficile, la différence et la capacité à oublier. Ca se passe en Belgique mais ce pourrait être n’importe où ailleurs tant le propos est universel. Inspirée d’un fait réel, la pièce de Jean Lambert, amère et cruelle, dénonce la lâcheté du groupe contre l’individu et comment on devient un bouc émissaire de génération en génération.

Sur le plateau, Quentin Meert et François Sauveur, excellents, interprètent Stef et Mika les jumeaux mais aussi toutes les voix des autres personnages, des marionnettes manipulées avec talent par Vanessa Lequeux avec l’aide de Mathieu Lesage (responsable de la belle conception sonore).

Sans aucun temps mort, avec une ingéniosité étonnante et un rythme constant, la mise en scène réglée au millimètre, utilise tout l’espace pour faire apparaître une farandole d’images dues au merveilleux travail de Dominique Renard, créatrice de l’univers graphique et de ces poupées étranges qui composent un univers fantasmagorique singulier.

Les deux comédiens se renvoient la balle avec une vraie complémentarité et beaucoup d’énergie ; sautant sur toute la scène et faisant feu de tout bois, ils impulsent à cette tragédie un dynamisme qui emporte le spectateur de péripétie en péripétie, enchainant les scènes réussies.

Dans ce déluge d’inventivité, tout est percutant et touche le spectateur qui ne peut rester en dehors de ce qui se joue. On a la troisième dimension sans avoir besoin de lunettes.

Une très belle réussite donc que ce nouveau spectacle hautement pédagogique des Ateliers de la Colline, qui ne manque pas de sujets de réflexions et de discussions entre parents et enfants.