Si on oppose le titre de ce livre de Jaroslav Rudiš, au fameux slogan Punk is not Dead, on se dit qu'il doit forcément y avoir quelque chose qui cloche dans l'histoire qu'on va nous conter là.
Être Punk dans les années 70, c'était No Future, pogo, crachats et Sex Pistols (au minimum et dans le désordre), une rébellion peu comprise par les contemporains de ces jeunes en opposition à la société qui les avait vu et fait grandir.
En revanche, être Punk de l'autre côté du rideau de fer, ça devait être autre chose. Une révolte toute différente de leurs homologues de l'ouest, pour toutes les raisons que l'on peut imaginer.
L'histoire que nous conte ici l'auteur est celle d'un ancien musicien punk qui, de nos jours, a organisé sa vie dans l'après. D'abord, il a vieilli et ses repères de l'ère communiste ont disparu à la fin de ce régime. Et puis la société qu'a apporté la fin du communisme n'est finalement pas non plus une panacée. Dans son bar, navigue une ribambelle de personnages, plus ou moins paumés, le monde dans lequel il s'est enfermé, est empli de mélancolie et donne le sentiment qu'il en marge de son propre présent.
En parallèle, il y a le journal de cette petite punkette, mal adaptée à sa vie et mal dans sa peau d'adolescente migrant vers l'âge adulte. Entourée par les quelques punks de sa petite ville, elle lutte pour exister dans un monde où l'on s'observe et se dénonce, où les cheveux dressés sur la tête sont comme des gyrophares dans la nuit.
Ces deux destins croisés seront autant de prétextes pour démêler l'écheveau complexe entre la révolution de l'adolescence vers l'âge adulte et la celle de la société. L'échec d'un rêve politique à donner le bonheur à ses enfants et la violence de son remplaçant, le "capitalisme" devenu norme sociale tout en ayant été l'ennemi, sont autant de nœuds aux cerveaux des protagonistes de ce roman. "Avec le capitalisme, tous les rêves ont disparu" alors qu'avant l'espoir était que le régime prenne fin, que les choses s'améliorent.
C'est avec toutes ces considérations en tête que le lecteur pourra suivre le destin de ces personnages, dont les portraits sont particulièrement bien léchés. Le récit est rondement mené, de la part de l'auteur de la bande dessinée Aloïs Nebel, et dépeint avec brio la lente disparition des idéaux, quand l'objet de la lutte disparait, que reste-t-il au contestataire ? La rébellion est peut-être un mouvement perpétuel qui ne se satisfait pas. |