Lecture d'un texte de Manault Deva, par François Berléand et Manault Deva.
Les auditeurs de France Inter, précisément du dimanche midi, heure où sévit Stéphane Paoli, reconnaîtront, dès qu’elle sera sur scène et dès qu’elle ouvrira la bouche, la belle voix radiophonique de Manault Deva.
Eh oui ! C’est elle, cette jolie blonde liane, qui clôt dominicalement la tranche du Journal en 3D par sa chronique impertinente, qui - les choses étant bien faites - s’intitule logiquement "Bons Baisers de Manault".
Elle a donc eu l’idée de bâtir un spectacle avec ses chroniques et a convaincu François Berléand de l’accompagner dans cette aventure.
Attention ! Pour l’instant, sans doute, il s’agit d’un exercice hybride entre le théâtre et la radio : la lecture du texte reproduit sur des tapuscrits que l’on devine stabilossés en couleurs fluorescentes multiples. Chacun des protagonistes, Manault jouant les "femmes" et François les "hommes", quitte de temps à autre la chaise haute sur laquelle il est assis pour rejoindre un lutrin où il pose son texte tout en spirales.
Le spectateur est ainsi convié à participer aux joutes oratoires du couple en tentant d’imaginer comment elles pourraient s’épanouir si elles étaient réellement mises en scène. Les habitués du Studio Raspail, du fameux "Théâtre Club", longtemps animé par André Degaine et Xavier Jaillard, apprécient depuis longtemps cet exercice qui, depuis peu, se répand dans de nombreux théâtres.
Ici, on sera vite convaincu que Manault Deva et François Berléand pourraient bientôt rivaliser avec le couple Pierre Palmade-Michèle Laroque. Rivaliser ou s’opposer, car Manault est plus Arte qu’UMP, plus bobo que bling bling, plus Télérama que TF1.
Sur le fond, elle est une observatrice très affûtée des futilités sociologiques, des petits tics de son époque et le spectateur s’en amusera souvent. Il se demandera parfois si cette jeune femme a priori bien élevée devrait, pour étudier les moeurs sexuelles contemporaines, se contenter de se délecter en disant et en redisant les mots "foufoune" et "coucougnettes".
En honnête homme, de surcroît désormais père de famille, habitué à prononcer du Sacha Guitry, François Berléand fait semblant de s’étonner quand il doit parler de "slip" ou de "sperme". S’excusant ou levant les yeux au ciel, il contribue à donner du sens à ces "Bons Baisers de Manault" .
Ses fans, et les autres, auront face à eux un acteur accompli, rompu à tout, vraiment capable d’émouvoir en lisant l’annuaire téléphonique ou les horaires de la SNCF.
Un des mystères de cette lecture plaisante restera la raison qui l’a poussé à y participer. Laissons-le à ses petits secrets et saluons cet immense acteur qui mérite d’être vu, en roue et en mots libres, à l’heure de l’apéritif. |