Dans le registre nouvelle
chanson française, estampille en vogue dans les médias,
Ever Everest, le premier album de
Fabien Martin, auteur-compositeur-interprète,
a su retenir l’attention par son atypisme par rapport à
ses homologues quasi formatés texte tendance hype ou altermondialiste
plus parlé que chanté et voix plutôt atone voire
standardisée.
Avec sa voix bizarrement éraillée et ses compositions
introspectives, Fabien Martin flirtait plutôt du côté
des grands classiques de la chanson française. Confirmation
nous en a été donnée lors de son concert à
l’Européen.
Petit gabarit, physique hybride de Woody Allen, Charles Aznavour
ou Mathias de Dyonisos, Fabien Martin a une gueule, une personnalité,
une voix et du talent. Il investit immédiatement la petite
scène intimiste de l’Européen. Il a manifestement
le sens de la scène et du contact et évite bien les
écueils des fastidieuses transitions entre les chansons.
Il sait inviter le public, parfois avec humour toujours avec esprit,
à partager son univers et même à reprendre en
chœur le refrain d’"Infiniment
songe".
Avec "Même si", le
concert s’ouvre sur une intro à l’accordéon
rejoint par une contrebasse et une guitare, fort brillamment tenues
respectivement par Alexandre Léautaud,
François Foux et Philippe
Desbois, qui constitueront la formation efficace de ce concert
présentant une nouvelle orchestration plus dense et plus
chaleureuse. Et dès que la voix vibrante de Fabien Martin
s’y pose, on sent bien qu’il se passe quelque chose.
Tous les titres de son album seront joués, souvent avec
une introduction mono-instrumentale, plus quelques autres morceaux
comme "Paris-Vincennes", et,
fort hardiment, il n’hésite pas à nous offrir
une très réussie reprise de "Vesoul"
de Jacques Brel .
Très gentiment, il n’omettra pas les remerciements,
remerciements aux sherpas qui l’ont accompagné sur
sa montagne personnelle, les techniciens, mais aussi à sa
maison de disque, aux femmes qui travaillent avec lui, à
sa mère, à Fabrice l’organisateur de la soirée,
et aux musiciens.
En rappel, le troublant "L’instant
volatil" achèvera de conquérir l’audience
avant une variante de "Même si" faisant la part
belle aux instruments.
Excellente prestation donc pour celui qui, sur les traces de l’auteur
de "Je me voyais déjà", chante "Je
m’habille encore quelques fois de rêves trop grand pour
moi".
|