Philippe Grimbert est connu du grand public pour ses romans, notamment depuis la sortie de Un secret dont l’adaptation cinématographique avait rencontré un assez large succès. Dans ses récits mi-fictifs, mi-autobiographiques, la psychanalyse n’est jamais loin ; soit dans le sujet soit dans la façon de le traiter. C’est que l’écrivain est aussi thérapeute ! Il a d’ailleurs publié deux essais : Psychanalyse de la chanson (Belles Lettres, 1996) et Pas de fumée sans Freud (Armand Colin, 1999).
Analysé et analysant, ses œuvres tendent toutes vers la compréhension des autres et surtout de l’Autre, entendez cette autre part de nous-mêmes que l’on ne connaît pas, celle que souvent on essaie d’ignorer et pourtant qui guide nos actes, inconsciemment. Dans Au quotidien avec Freud, Philippe Grimbert évoque des sujets aussi variés que la musique, le tabagisme, le cinéma ou encore la politique, dont il tente de déchiffrer les enjeux inconscients.
Difficile de présenter précisément ce livre : le fil conducteur est en effet peu aisément identifiable. Le psychanalyste nous entraîne dans ses réflexions autour de thèmes qui lui sont chers car jalonnant son parcours personnel et professionnel. En fait, cela pourrait s’apparenter à une discussion - ou plutôt à un monologue. Voilà, c’est ça ; nous sommes assis face à Grimbert, à la terrasse d’un café, et nous l’écoutons parler de choses qui nous sont connues, que nous expérimentons chaque jour et dont nous n’avions sans doute pas conscience de ce qu’elles impliquaient, de ce qu’elles faisaient résonner en nous.
Dans ses paroles d’analyste et dans ses interprétations s’entremêlent des concepts freudiens et lacaniens rendus soudainement accessibles par leur utilisation dans notre quotidien. Inutile de vouloir résumer chaque chapitre de cet essai. On peut cependant citer celui abordant l’importance de la musique et des chansons. Des paroles et du langage aussi, forcément. On est tous imprégné du matin au soir de mélodies, de chansons (au sens plus ou moins intéressant), on a tous des airs qui restent en tête. Comprendre pourquoi ces musiques nous interpellent et nous sont finalement nécessaires, en quoi "cet art souvent considéré comme mineur nous aide à devenir majeur" est réellement fascinant.
Dans ma chronique de Un garçon singulier paru en mars 2011, j’avais reproché à Philippe Grimbert de trop mêler des théories psychanalytiques à son récit, donnant l’impression à son lecteur d’être retourné sur les bancs d’une fac de psycho. En écrivant cet essai Avec Freud au quotidien, il choisit cette fois clairement cette voie d’explications et d’apprentissages. Le résultat est un livre captivant dans lequel chacun pourra reconnaître ses propres expériences, retrouver ses propres ressentis. En étudiant des sujets de notre quotidien, en nous en donnant des codes de décryptage, Philippe Grimbert permet au lecteur de se sentir concerné par lui-même et par cet Autre, qu’il sentira se dévoiler au fil des pages. |