Spectacle musical du Collectif Encore Floyd avec Paskal Caron, Mark Truman, Fred Hervieux, Olivier Prieur et Sylvain Cottet.
Imaginez : vous êtes assis confortablement dans un fauteuil extrêmement moelleux ; vous avez à votre disposition une hi-fi d'une qualité exceptionnelle, qui dose parfaitement les basses ; vous décidez d'écouter les meilleurs titres des 10 premières années de la carrière des Pink Floyd. Vous fermez les yeux. Vous les rouvrez : ils sont là.
Enfin presque : vous êtes dans un fauteuil de théâtre, et vous avez devant vous les Encore Floyd (Paskal Caron à la voix, Sylvain Cottet à la batterie, Frédéric Hervieu au clavier, Olivier Prieur à la basse, et Mark Truman à la guitare).
Ces animaux-là tournent depuis 2004 avec un répertoire de reprises de Pink Floyd, interprétées avec une très grande fidélité. Cette année, le Vingtième Théâtre les accueille tout un mois, jusqu'à fin juillet, dans son douillet écrin qui donne cette curieuse impression d'écouter la musique chez soi, à cette différence près que le son est bien meilleur.
Cette fois-ci, les Encore Floyd ont baptisé leur spectacle "Before The Wall", se concentrant sur la période 1967/1977, avant les tensions qui ont agité le groupe dans les années 80.
Pas d'excès d'ego : les musiciens s'effacent totalement derrière une musique qui n'a pas fini d'étonner et de détonner, semblant eux-mêmes intimidés, dépassés par ce qu'ils jouent. Les vidéos mixées en temps réel son captivantes comme des économiseurs d'écran, et finalement c'est aussi bien.
Lové dans l'écoute, le corps se fond dans la ligne de basse et de clavier, s'abandonne à l'attente d'une explosion de guitare - habilement chatouillée par le britannique Mark Truman. Le spectacle fini, ne restent que la musique et les sensations.
"Before The Wall" est l'occasion d'une redécouverte physique, sensuelle des tubes dont l'on n'avait plus qu'une connaissance bien affadie, derrière le mythe que l'on ne prend plus la peine d'écouter, ou en oubliant de se laisser surprendre.
En cela l'hommage est magnifique. Sa limite, c'est le manque d'espace laissé à son expression. Le lieu est très plaisant, mais peu propice à l'extension et l'envol des corps. Pour aller plus loin, un choix s'imposerait. La forme telle quelle reste hésitante.
Pour un concert, il faudrait la galvanisation de la foule et une fosse pour le mouvement. Pour un spectacle de rétrospective, il manque l'occasion de faire plus ample connaissance avec le groupe Pink Floyd, sa démarche et son histoire, à la manière des leçons de jazz d'Antoine Hervé : l'appétit des spectateurs en la matière doit se satisfaire de deux petites anecdotes.
Quant à l'aspect visuel, il reste très au second plan (volontairement ou pas) ; la vidéo est un peu uchronique (ni vraiment d'époque ni vraiment au goût du jour), ce qui n'est guère gênant sauf sur le dernier titre, franchement amateur.
Au final, ce spectacle un peu sage donne envie de sagement dépoussiérer ses disques, pour prolonger l'apesanteur. Anais Bon - Magali Rozec |