Glasgow traîne une longue tradition de groupes dont on ne saurait définir une famille unique mais qui partagent quelques valeurs communes : le sens mélodique (Lloyd Cole & the Commotion, The Pastels, Teenage Fan Club, Belle & Sebastian...), l'obsession américaine (Texas, Jesus & Mary Chain - album Stoned and dethroned, Primal Scream - album Give out but don't give up), le psychédélisme (Donovan, Primal Scream - album Screamadelica). C'est aussi une ville sous haute influence de substances hallucinogènes : il suffit de regarder les noms des albums des groupes sus-cités mais c'est aussi là-haut que se déroule l'action de Trainspotting, et que les frères Reid ont écrit Psychocandy.
Les Haight Ashbury, Jennifer Thompson aux voix, caisse claire et cymbales, Kirsty Reid aux voix et à la basse, et son frère Scott à la guitare et cythare, sont les cadets bâtards et talentueux de cette ville où des litres d'Irn Bru sont avalés chaque dimanche matin pour faire passer la gueule de bois.
Ce deuxième album vient conforter la bonne opinion qu'on avait déjà du groupe après la sortie de leur premier disque l'année dernière. Même si leur nom évoque San Francisco, ses z'hippies, l'amour libre, les voyages opiacés et que leur musique doit énormément aux mélodies et instrumentations des groupes psychés californiens du summer of love, la production reste actuelle, évitant que le groupe ne soit qu'une ressucée des Grateful Dead ou Jefferson Airplanes. Les percussions sont sombres, sous influence Moe Tucker, les guitares lourdes, et les deux voix féminines qui s'entremèlent aeériennes comme chez Veruca Salt.
Plus agressif dans sa forme que leur premier opus, les deux singles tirés jusqu'à présent de l'album creuse cependant le même sillon que l'album précédent. "Sophomore" sonnait comme d'heureuses retrouvailles, "She's so groovy 86" (dont on vous conseille d'aller voir le clip bien allumé) s'impose par ses refrains absolument parfaits.
Les Haight Ashbury, peut-être parce qu'ils sonnent familiers mais en léger décalage, composent des morceaux qui s'imposent toujours très rapidement dans la playlist parfaite du lecteur mp3. Un groupe qui a su éviter les écueils du second album, qui semble mûrir doucement, et dont on attend déjà avec impatience le troisième album. Un peu d'amour dans un monde de brutes. |