Réalisé par Luigi Comencini. Italie. Comédie. 1h33. (Sortie 4 juillet 2012 - Première sortie 1953). Avec Vittorio de Sica, Gina Lollobrigida, Roberto Risso et Marisa Merlini.
Pourquoi ne pas profiter de l'été pour réviser (ou viser) les grands classiques du septième art ?
La semaine prochaine, il ne faudra donc pas manquer "The Apartment" (La Garçonnière) de Billy Wilder avec Jack Lemon, toujours épatant, et Shirley Mac Laine dans un de ses meilleurs rôles... comme à chaque fois !
Cette semaine, c'est du côté de l'Italie et de sa comédie naissante qu'il faut aller voir.
En 1953, Luigi Comencini n'est pas encore considéré comme le grand maître qu'il sera dès les années 1960-1970 et le cinéma italien a quitté depuis presque dix ans le temps des "téléphones blancs" pour emprunter les chemins noirs du "néo-réalisme" dont Vittorio de Sica, héros souriant de "Pain, Amour et Fantaisie" était justement l'un des fers de lance avec son cinéma larmoyant.
Mais on ne peut pas toujours pleurer avec "Le Voleur de bicyclette" ou revisiter en marxiste l'Italie de la reconstruction avec le couple mythique Rossellini-Bergman. Il était donc temps que revienne le temps de la comédie.
C'est l'enjeu de cette histoire simple située dans un petit village perdu et perché dans les Abruzzes qui n'est que très peu touché par les mutations qui métamorphosent la botte italienne. On dirait presque un village provençal comme les décrivait le couple Pagnol-Giono dans les années trente.
Ici, les pauvresses aux formes généreuses ne se donnent pas au premier venu et les sages-femmes au grand cœur cachent des secrets encore lourds pour 1953. C'est toute une société bien typée sans être caricaturale qui étale sa bonhomie même quand le ton monte et que les jeunes filles se crêpent le chignon pendant que De Sica, en carabinier encore à la recherche de l'amour à l'heure où ses tempes blanchissent, lisse sa moustache de joli coeur et pédale sur un vélo à moteur sur des chemins ensoleillés.
On ne rit plus sans doute comme devait rire le peuple italien dans les salles de cinéma pleines à craquer de l'avant télé, mais on sourit constamment et on revoit avec plaisir Gina Lollobrigida, avec son beau visage candide et ses appâts si appétissants.
C'est ici que naît la comédie italienne. Bientôt, elle sera plus sévère avec ses concitoyens et frappera sans se gêner, et avec leur autorisation, là où ça leur fait mal.
Dans "Pain, Amour et Fantaisie", elle est encore bon enfant, se moquant gentiment des institutions et des travers transalpins, le machisme en tête. Reste que les personnages populaires n'ont pas leur langue dans leur poche. Le verbe est haut et les répliques qui font mouche fusent. C'est l'Italie comme on l'aimait quand elle était souriante, avec de gros défauts mais sans arrière-pensées.
C'est un temps lointain où elle produisait aussi des comédiens de premier plan. Un temps d'amour et de fantaisie.
À savourer au-delà de toute nostalgie... |