Ce troisième album des Czars, en quelque dix années de carrière, a bien failli ne jamais paraître si ne s’était trouvée la générosité des fans, dûment remerciés dans le livret. Ces derniers ne s’y sont pas trompés : cet autre groupe de Denver, Colorado, écrit avec Goodbye une page inédite de l’histoire de l’"alternative country" US la menant dans des contrées sonores peu visitées encore.
From the other side of folk
Au départ pas si éloignés de Sixteen Horsepower (1) et Tarnation (2), le groupe apparaissait mal à l’aise dans un format apparemment trop étroit pour lui. Si sur Before…but longer (2000) la forte personnalité du groupe était déjà perceptible, on le sentait capable de suivre son propre chemin et, en ce sens, le second album avait quelque peu déçu.
Pourtant quatre années plus tard, c’est chose faite : les Czars se sont frayés leur propre route à travers la jungle des courants.
L’inspiration des Czars ne s’est pas tarie, loin de là. Toujours menés avec brio par John Grant, le groupe mélange désormais son folk-rock avec ce qui paraissait pourtant improbable jusque là : de la musique contemporaine (titres 1 et 4), du jazz (titre 6) et de l’electro plutôt old-school (titre 7).
La seconde partie de l’album, à partir du titre 8, constitue d’ailleurs un crossover réussi de tous ces courants dans lequel "Bright Black eyes", retour à la normale temporaire, apparaît comme la seule concrète concession accordée au passé.
Se côtoient ainsi sur l’album les pianos, cordes, saxo, guitares folks et rocks, claviers, samples ainsi que voix égarées, fantomatiques. Si nous sommes à la fois loin de Before…but longer, c’est néanmoins son logique et espéré prolongement.
La voix et l’écriture de John Grant atteignent une dimension surprenante, insoupçonnable jusque là. Le résultat est saisissant, impressionnant, dépassant en force et en intensité les compositions du premier album précité.
Espérons que le titre ne possède pas le sens qu’on aurait tendance à lui prêter parce que Goodbye explore des soundscapes inédits dont on aimerait connaître plus en détail la géographie et la cartographie.
Si vous n’avez pas soutenu le groupe lors de son appel de fond, c’est le moment où jamais aujourd’hui en achetant ce Goodbye qui vous fera rêver et découvrir ainsi qu’en ne ratant pas leurs concerts européens du printemps prochain.