Une première édition du livre d’Henri Agel a vu le jour en 1963. A des années lumières cinématographiques de sa réédition indispensable pour comprendre l’évolution (ou, justement, la non évolution) d’un art transversal.
2012.
C’est un bouquin qu’il faut mettre entre toutes les mains et particulièrement pour la rentrée universitaire. Voilà un livre indispensable pour tous ceux qui désirent comprendre les caractéristiques cinématographiques d’un genre qui mérite le détour, de par l’originalité qui y transpire.
C’est aussi cela l’écriture cinématographique, oser le mélange pour offrir une narration qui se moque des frontières. C’est cela la "Romance américaine". Henri Agel, aidé de quelques pontes, décortique une écriture qui se love.
L’articulation du livre est limpide et offre aux lecteurs nombre de portes à ouvrir au travers les films (ils pourraient y en avoir beaucoup d’autres) choisis. Et pas des moindres. "Laura", "Scarface", celui d’Howard Hawks, "Hallelujah", "Rio Bravo", "Johny Guitare", "La soif du mal" et "Nous avons gagné ce soir".
On le voit, ici pas de restriction. Le genre embrasse les genres. C’est d’ailleurs en lisant le livre d’Henri Agel que l’on comprend mieux, ce flou qui envahit parfois le spectateur face aux salades composées.
L’analyse précise, le voyage inter-cinématographique, offre au lecteur cette possibilité rare d’entrer dans l’intimité (quoi de mieux pour une Romance) de la création "littéraire" du film, voir dans sa complexité.
Mieux comprendre les lignes de forces (comme pour une œuvre picturale en perspective) d’un genre qui se rapproche de la perfection. La comédie musicale n’en est pas le seul exemple, même si les codes aussi légers soient-ils (encore que !), influenceront d’autres univers.
Comment le Western, ce genre "parfait, là il n’y a aucun doute" cher à Bazin transpose la dramaturgie grecque sur fond de guerres indiennes ou d’amitiés viriles. Le film noir, cher à la Warner n’est pas oublié. Voir l’analyse de "Scarface" ou de l’immense "Laura" de Preminger et comment est décortiquée l’absence de la présence qui rend ce film unique par sa proposition de l’énigme "amoureuse".
Le cinéma est un art qui n’a rien à devoir à personne, même s’il emprunte à tour de bras, à ses petits camarades, leurs représentations. Il a su construire dans l’emprunt, un langage unique et la "Romance américaine" peut être décalquée sur nombre d’autres films nationaux. Hollywood inscrit sur écran, un langage qui deviendra code d’écriture.
Cette adaptation, lui a permis de grandir seul, sans autre tuteur. Il faut donc voir et lire bien autre chose qu’une "romance" avec du 7ème Art, même naturellement si, à travers les écrit d’Henri Agel, il n’y a pas une phrase, un mot, une ponctuation par lesquelles il ne déclare sa flamme au 7ème Art.