Black Francis n'aura jamais été aussi acidulé. Est-ce l'influence de Violet Clark, sa femme, principale responsable de l'album ? Est-ce l'abondance de sons de synthèse ? Est-ce la pétillance disco et pourtant très rectiligne des compositions, qui laissera songer à une version électro-punk, mais souriante, des Pixies ? Pas d'alcool, pas de gueule de bois, pas de vomi. Juste quelques cachets... On songe aux Kills regroupés un dimanche midi autour du poulet rôti familial, le lendemain d'un samedi trop festif.
Deuxième album pour Grand Duchy, le duo Black-Clark, ce Let the people speak est une jolie réussite qui confirme surtout la grande capacité de réinvention de Black, pour une fois à la seconde place. Comme quoi, la confiance et l'abandon peuvent payer, Francis.
L'album a son petit côté amateur, lo-fi, bricolage nerdy. Il se présente d'ailleurs comme une pseudo émission de radio, animée par un certain Jonathan L, dont les interventions (plus ou moins dérisoires) ponctuent les pistes. L'ensemble est fébrile comme une première fois, brouillon, empressé, mais conserve une fraîcheur réelle et pas désagréable. C'était, certainement, la nécessaire voie du renouvellement pour un musicien aussi chevronné que l'ancien leader des Pixies (près d'une trentaine d'albums à son actif, tout de même).