Avec Justin Scott, Clive Cussler trouve un nouvel acolyte pour ses romans à quatre mains. Le Président de l'Agence Nationale Marine et Sous-Marine est l'un des auteurs les plus prolifiques de la planète livres puisqu'il publie trois à quatre romans par an. C'est sa série NUMA, qui narre les aventures de chasseurs d'épaves plus proches de James Bond que du Commandant Cousteau, qui l'a fait connaître aux lecteurs du monde entier.
Il quitte ici les fonds marins et l'époque actuelle pour placer les aventures de son nouveau héros, Isaac Bell, au début du XXe siècle sur tout le territoire américain. Isaac Bell, "plus d'un mètre quatre-vingts et l'élégante minceur d'un pur-sang arabe, une moustache aussi blonde que son épaisse chevelure" va poursuivre un être machiavélique qui organise des attentats sur les chantiers d'extension du réseau de la Southern Pacific Railroad et fait dérailler ses trains. Ce "saboteur", spécialiste du maquillage, qui recrute des marginaux avant de les éliminer afin de ne pas laisser de traces, est-il un syndicaliste, un proche des milieux anarchistes ou agit-il pour d'autres obscures raisons?
Bien qu'il n'y ait pas une patte particulière aux romans de Clive Cussler, le lecteur suit avec plaisir les aventures du détective sans peur et sans reproche face au veule et infâme saboteur.
Outre l'enquête bien menée et un style facile à lire qui classe ce livre dans la catégorie des thrillers de détente, un des intérêts du roman est de se situer dans les années 1900, période de l'histoire américaine moins souvent utilisée dans les oeuvres de fiction que la période de la conquête de l'ouest, la guerre de sécession ou la période de la prohibition. Richement documenté sur les chemins de fer de l'époque mais aussi sur la décennie 1900, période où on circule encore en carioles, où apparaissent les premières automobiles, "la Thomas modèle 35 équipée d'un moteur à quatre cylindres de 60 chevaux construite à Buffalo", où les affaires se règlent encore à coup de Winchester, où les nouvelles sont transmises par télégraphe, où l'Atlantic 442 à vapeur permet d'atteindre des vitesses approchant les 200 km/h et où on met au mieux trois jours pour rejoindre Chicago à partir de Los Angeles. Situer l'action du Saboteur dans cette époque rend ainsi Isaac Bell contemporain des héros de Maurice Leblanc ou Conan Doyle, mais aux États-Unis. Comparée à notre époque du "tout communication", avant même l'information c'est la vitesse qui devient un enjeu majeur pour déjouer les plans de l'ennemi, ce qui bien entendu va influer sur le rythme du roman et la multiplication des rebondissements.
Même si dans Le Saboteur il s'éloigne de la mer, élément pourtant essentiel à ses autres romans, Clive Cussler, cette fois en collaboration avec Justin Scott, parvient donc de nouveau à entraîner son lecteur dans d'agréables aventures. |