Dans son Éloge de l'arrogance, Philippe Vilain fait paradoxalement preuve de beaucoup d'humilité, ou du moins d'"élégance". Mais cette attitude ne serait-elle pas feinte alors que Philippe Vilain explique dans son essai que l'arrogance "a quelque chose à voir avec l'attitude du mauvais joueur qui s'attache moins au résultat qu'à la manière... au souvenir qu'il laisse dans la mémoire des autres"? Ne fait-il pas preuve d'"arrogance passive qui donne l'impression d'être vertueuse parce qu'elle ne pratique pas l'arrogance agressive" ?
Le croire serait procès d'intention. Ce serait faire preuve d'une arrogance perverse, "d'un mépris de circonstance pour culpabiliser (l'auteur), injustement désigné comme victime".
Car pour dire vrai, l'essai de Philippe Vilain est drôle et fin. Après s'être moqué de sa propre arrogance, il décrit avec beaucoup d'esprit "l'arrogance française" ou "l'arrogance des puissants", ce qui lui permet de décocher quelques flèches bien senties au milieu politique. Enfin ses "parades pour se défendre d'un arrogant" et le chapitre final, "Comment devenir un arrogant qui se respecte", sont de belles occasions de sourire.
Un essai pertinent de plus dans la collection impertinente des Editions du Rocher "Éloge de".
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