Monologue dramatique de Philippe Claudel dit par Sylvie Dorliat dans une mise en scène de de Célia Nogues.
Avec pour seul bagage une valise en cuir bouilli et dans les bras, la petite qu’il ne quitte pas, Monsieur Linh - un vieil homme asiatique - échoue dans un foyer de transit, en attente de relogement.
Sur un banc, dans ce pays où tout lui est étranger, il fait la connaissance d’un homme affable : Monsieur Bark. Hélas, le destin va séparer ces deux solitudes et Monsieur Linh sera emmené dans un mouroir de l’autre côté de la ville.
Pour la Compagnie La Clique, l’adaptation de ce court roman "La petite fille de Monsieur Linh" était attendue au tournant : comment en effet transposer sur scène la simplicité du texte de Philippe Claudel ?
Célia Noguès la metteuse en scène et Sylvie Dorliat, la comédienne et adaptatrice réussissent le pari haut la main avec un bijou de sobriété et de délicatesse.
Tout est précis, utile et poétique comme le récit original : trois pans de tissus blanc entourent un banc sur lequel se concentre l’histoire et les rencontres des deux personnages principaux. Une bougie, un mobile représentant un oiseau (très beau travail du scénographe Hama) complètent avec bon goût ce tableau qui nous transporte immédiatement par la grâce d’une atmosphère sensible et d’une direction d’actrice précise et sobre dans cette atmosphère diaphane et onirique.
La comédienne Sylvie Dorliat réussit avec émotion à nous faire vivre avec la plus grande sincérité cette histoire poignante. Elle y est extrêmement convaincante, qu’elle raconte avec simplicité de sa belle voix grave ou qu’elle interprète sans surjouer les différents personnages de ce conte cruel.
Il n’y a pas une minute qui soit superflue dans ce spectacle : tout y est fin, délicat, sensible et la salle retient son souffle une heure durant. On sort de ce très beau moment avec beaucoup d’émotion et la joie d’avoir vécu un moment de grâce théâtrale.
Une adaptation sublime qui magnifie le texte de Philippe Claudel et porté par la générosité d'une comédienne touchante rend déchirante cette histoire de déracinement et d’amitié.
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