Comédie de Claude Bigard, mise en scène de Jean-Marc Minéo, avec Sylvie Gortheau, Nathalie Mann et Lydie Rigaud.

"Sexe, mariages... et profiterolles". Tître annonçant le troisième degré, la comédie de Claude Bigard décoiffe, surprend et fait rire.

Deux dames, une femme d'affaires lissée de partout, appellation d'origine non contrôlée, collectionnant les mariages ratés et les maximes lénifiantes et une déboussolée au cuir sauvage, inter-sexuelle de choc, s'unissent pour remonter le moral d'une troisième, bourgeoise déjantée trompée une fois encore par son mari volage.

L'alcool coule à flots, les corsets sont délacés (symboliquement, ces dames n'en portent plus depuis la Grande guerre), les propos égrillards fusent comme dans des vestiaires de stade : la féminitude sort de son lit à gros bouillons.

Tout y passe, leurs hommes, elles, leur condition, fait-minime trop souvent, leurs angoisses devant une décrépitude tirée au viseur, les généralités pré ou post-dépressives, les mensonges indispensables pour ne pas transformer la chambre à coucher en morgue ou en boucherie, le romantisme, ce tamis-voilette pour réalités trop crues: quelle soirée!

Nathalie Mann, qui triomphe dans "La Papesse américaine", tient le rôle central de la femme trompée : toute en nez rouge, bras immenses, voix brisée, cheveux explosés à la mine anti-personnelle, incroyable bobo chic désabusée et fleur-bleue, hilarante dans ses naïvetés et ses esquives, à la voix rauque inimitable, qui arrache les rires, égérie-type de Woody Allen qui serait tombée sur un psychanalyste honnête (qui n'aurait pas créé de dépendance), saine et menteuse (la fin est surprenante) vraie bonne femme revigorante.

Auprès d'elle, la femme d'affaires, la dépendante du bistouri, c'est Sylvie Gortheau, genre de Suzy Delair à nez en l'air, pas folle guêpe, disant des vérités avec une gouaille du Boulevard de bonne race. Bravo.

Enfin, la sculpturale et fatale Lydie Rigaud, la transfuge, ajoute de l'électricité sexuelle en révélant aussi une nature comique explosive.

Le trio est impeccablement distribué. La mise en scène de Jean-Marc Minéo est vive, enlevée, hyper-professionnelle.

Cette comédie de Claude Bigard ne dit pas que des sottises, loin de là, et n'est pas conventionnelle, avec une critique pertinente du divorce qui n'est toujours quand même... qu'un parjure. Et l'on rit terriblement de et avec ces sacrées bonnes femmes.

Quant aux profiteroles... vous apprendrez, en temps voulu, le mystère de leur indispensable intrusion.