Réalisé par HPG. France. Drame. 1h30. (Sortie 26 septembre 2012). Avec Eric Cantona, Rachida Brakni, Joana Preiss, Jérôme Le Banner, HPG et Marie d’Estrées.

Il y a quelques mois, HPG était sorti, disons plutôt à demi sorti, du ghetto du film porno avec "Il n’y a pas de rapport sexuel" de Raphaël Siboni, qui montrait magistralement qu’il était bien autre chose qu’un acteur pornographique, même quand il était en pleine action.

Avec son "premier" film, "Les Mouvements du bassin", il confirme tout ce qu’on pressentait dans "Il n’y a plus de rapport sexuel".

Ici, on ne fait pas l’amour, l’acte d’amour, on donne de l’amour, du grand amour. Ici, c’est le cœur qui triomphe du corps, le désir de l’envie, l’être du paraître. Ici, on part du singe pour aller jusqu’à la paternité. On prend des coups, on prend des corps, parce que ce n’est pas facile d’aller vers la simple pureté, vers l’innocence des premiers cris d’un bébé.

Pour y parvenir, HPG a convoqué Eric Cantona et Rachida Brakni. Attention, dans "Les mouvements du bassin", ils ne jouent au couple des "Kooples". On les croirait plutôt issus de deux univers parallèles dont HPG assurerait, en deus ex machina, la porosité.

Cantona, rarement aussi acteur, rarement aussi loin du personnage Cantona, du mythe Canto, fait face à un ange tombé dans la grâce de la caméra d’HPG : Marie d’Estrées. Depuis Fellini et encore plus Ferreri, jamais femme aussi ample, aussi porteuse d’un amour enfantin, n’avait franchi le cadre d’un écran cinématographique.

Dans sa caravane de prostituée des boulevards de ceinture, mais ici posée dans un hangar fœtal protégé par Cantona, elle participe à cette leçon d’amour chaste et charnel que tente de donner HPG dans ses nouveaux habits d’homme fragile, embarrassé par ce sexe qui lui colle encore à sa peau de néo-cinéaste.

HPG filme consciencieusement tout ce qu’il ne pouvait jadis pas montrer, concentré qu’il était par d’autres mouvements du bassin que ceux qu’évoquent le titre de son film.

Grand opéra naïf raisonnant des coups que Jérôme Le Banner apprend à donner, des petits pas dansés par HPG, "Les Mouvements du bassin" est un poème bourré de scories et de fulgurances, du regard d’un singe au surgissement d’un enfant.

On ne peut qu’en parler mal. Mais c’est déjà mieux que de n’en pas parler du tout. Parent, répétons-le, du Marco Ferreri de "Rêve de Singe", HPG a bien choisi son maître adoptif. Comme lui, il est désespéré et ne cherche dans le cinéma qu’une hypothétique renaissance, une aube d’un jour nouveau meilleur. Un monde où l’enfant paraît et tout le reste disparaît.

Souhaitons qu’il persiste avec autant de générosité et un esprit aussi peu calculateur. Le cinéma français a besoin de ce genre de ludion qui renverse la table avec une douce détermination.