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Interview d'Hervé Lomprez  (Paris)  9 octobre 2004

Le Black Dog. Un bar métal de la rue des Lombards. Au bar d’improbables look gothisants mais surtout les buveurs de bières du vendredi soir, des paumés de banlieue venus se défoncer avant d’aller au Furieux (?).

Au sous sol, dans la minuscule cave, les quatre membres de Trisomie 21 sont en dédicace avant leur show case donné en coup d’envoi de promotion de leur nouvel album Happy mystery child. Trisomie 21, groupe mythique composé de Philippe Lomprez (chant), Hervé Lomprez (composition, clavier, basse), Bruno Objoie (guitare) et Martin Blohom, le petit nouveau.

Ils sont là, à deux mètres de leurs fans, disponibles, aimables, devisant avec eux comme avec des amis. Après nous être entretenus avec Olivier Lechevestrier, leur manager, nous rencontrons Hervé Lomprez qui accepte de répondre à nos questions.

Pourquoi 7 ans de silence ?

Hervé Lomprez : Nous avons toujours été un groupe assez lent dans la création d’album parce que ce n’est pas le fait de sortir des disques qui nous intéresse. C’est surtout d’être contents de ce que l’on fait. Ça prend du temps alors que sortir un disque peut aller très vite. De plus travailler avec tous les remixers prend un certain temps avant arriver au produit fini. Il y en a une trentaine. Et puis nous avons également collaboré à beaucoup de produits extérieurs notamment Indochine et Kenzo. A chaque fois on accumule un peu de retard et en même temps il y a toujours une évolution de la technique qui nous impose des périodes d’adaptation. Et puis nous avons perdu du temps, mais une perte bénéfique, le temps de mettre un nouveau membre dans le groupe Martin Blohom qui est plus jeune que nous et apporte son esprit et un son nouveau par rapport au groupe.

Donc, il y a toujours eu du travail. Nous n’avons jamais arrêté. En plus de cet album, il y a 6 autres titres qui sont finis mais qui sont absolument pas dans la lignée de ce qui vient de sortir. Moi je me sens plus à l’aise dans les musiques planantes que dans les musiques rock et nous étions partis dans une musique planante mais les morceaux sont été enregistrés avec des orchestres philarmoniques. Mais on s’est dit que si on continue les gens vont s’endormir très bientôt.

Et donc nous avons fait appel à Martin qui a trouvé que les idées étaient bonnes mais que le résultat ne sonnait pas très actuel, de nouveau, entre guillemets, par rapport à ce que l’on fait. C’est philarmonique, toujours planant, il y a toujours la touche de Trisomie et donc nous avons complètement retourné notre fusil d’épaule. Et tout le monde dit que notre disque est plus proche de "Chapter four" que des autres car la guitare basse est présente sur au moins 9 morceaux et volontairement , et il en est ainsi pour la première fois, il n’y a aucun instrumental. Tous les titres sont chantés.

Mais par contre là où réside la nouveauté pour nous c’est que nous avons respecté les structures couplet-refrain avec des mélodies un peu plus accrocheuses, avec des sons un peu plus modernes et avec également, et c’est également la première fois, le groupe sur la pochette. Ce que nous n’avions jamais fait. Et non pas dans un besoin de reconnaissance mais parce que c’était un nouveau concept d’album. Je pense que cela ne se renouvellera pas. Nous sortons donc cet album. Ensuite sortira "The man in the mix" qui comprendra cet album avec deux albums de remises et dans six mois sortira "The woman is the mix" avec à nouveau une trentaine de remixes faits par des filles.

Les morceaux crées avec l’orchestre philarmonique sont-ils écartés ou se retrouvent-ils dans l’album sous une autre forme ?

Hervé Lomprez : Ils sont achevés mais pour le moment nous n’en faisons rien. Ils sont passés en radio plusieurs fois sur Fun radio notamment à des heures inécoutables mais ce sont des musiques qui sont beaucoup plus proches de l’esprit de Maurice Jarre. Ce sont des instrumentaux sans aucun chant, sans synthé, avec des cordes violon, contrebasse.

Ce nouvel album est donc construit comme un album de pop ?

Hervé Lomprez : Nous voulons revenir à quelque chose de rock. Ce qui explique aussi pourquoi nous passons aujourd’hui en show case au Black Dog dans des petites salles qui ne correspondent pas à notre image et en même temps on veut que la tournée qui va démarrer soit rock. Notre dernier spectacle La performance il y 6-7 ans était une structure qui comportait beaucoup de vidéos, des danseurs sur scène, des écrans géants ; nous étions 32 en tout sur scène, donc une énorme structure. C’était beaucoup trop gros entre guillemets.

Nous préférons auourd’hui privilégier la relation avec le public. Un endroit comme celui-ci est bien. Et ce soir s’il y a quelqu’un qui vient prendre ma place, il la prend, ça m’arrangerait. Je trouve cela convivial, plus proche des gens qu’à l’époque Gohohako. C’est dû aussi à la technique qui s’est beaucoup améliorée en l’espace de 2 ans et permet une certaine souplesse.

La structure est plus classique avec des synthés mais aussi des guitares..

Hervé Lomprez : Ce n’est pas du tout classique mais on ne le voit pas. Il y a de grosses machines derrière, c’est la première fois que nous allons les utiliser et on espère que cela va marcher jusqu’à la fin. C’est un peu un test pour nous. Il y a beaucoup de basse, beaucoup de guitare mais beaucoup d’électronique aussi.

Martin le nouveau fait partie du groupe à part entière ?

Hervé Lomprez : Je le considère comme membre du groupe. J’ai travaillé en commun avec lui pendant 3 ans.

En parlant d’instrumental, vous citiez Maurice Jarre. Vous avez des projets de musiques de films ?

Hervé Lomprez : J’ai beaucoup travaillé dans le domaine de la publicité. J’ai également de très bons souvenirs de la musique que nous avions fait pour le film "Pushing the limit". J’adore travailler en relation avec les images, créer des ambiances. C’est Trisomie. C’est un peu notre problème aussi car nous n’arrivons pas à travailler avec une idée mélodique au départ. Ce qui nous importe c’est d’avoir des sons et de les emboîter pour créer des atmosphères. Ce qui peu paraître un peu déroutant dans le sens où c’est difficile de se rattacher à une structure. Le nouvel album est différent en ce sens que nous avons essayé de modifier un peu notre manière de travailler en suivant des règles. Une fois le morceau écrit, notre travail était de réflexion et de montage sur le papier..

Qui est l’auteur des textes ?

Hervé Lomprez : J’en ai 7 sur dix. Cela étant personne dans le groupe n’a de rôle défini. Moi, ce n’est pas que je ne veux pas chanter mais si je chante tout le monde fuit. Philippe peut jouer du clavier ou de la guitare s’il veut. Je ne lui interdis pas de toucher à mes claviers. Ce soir, Martin va s’occuper uniquement de ce qui est mixage mais sur scène il va m’épauler au niveau des claviers. Car si on veut faire du live, une personne seule ne peut pas tout gérer. A la Locomotive le 28 novembre nous aurons 12 ou 13 claviers, 4 ordinateurs au minimum et 3 consoles numériques 32 voies donc c’est quand même très chaud .

Le fait de ne pas avoir joué live depuis un petit moment n’entraîne-t-il pas un peu d’appréhension ?

Hervé Lomprez : Non. Nous sommes contents de repartir en live mais on ne sait pas si le public sera là. Ce qui nous ferait plaisir c’est de garder l’audience que nous avions et d’avoir même maintenant les enfants ou les petits enfants. Ce serait assez gratifiant pour nous. La seule chose qui nous a un peu interpellé est de savoir si on va nous demander de jouer Il se noit. Allions-nous jouer une version nouvelle ou l’ancienne ? Nous sommes partis sur des versions actuelles et en fait on va jouer les anciennes. Parce que je pense que même s’il y a des choses qui ne sont plus au goût du jour je me vois mal avec une version techno de Lost song et je pense que ce n’est pas ce que les gens attendent du groupe.

Les anciens morceaux seront donc inclus dans la tournée ?

Hervé Lomprez : Oui. Il y aura des morceaux anciens, même de ceux que nous n’avons pas joué depuis très longtemps, ce qui m’inquiète un peu d’ailleurs. On va notamment jouer un morceau comme is anybodyone part I la version qui est sur passion divisée légèrement modifiée. Quand on le joue, cela nous fait plaisir mais on prend un petit coup de vieux. Ça ne nous rajeunit pas.

La fête triste sera-t-elle également au programme ?

Hervé Lomprez : Oui et ce soir je vais jouer la toute première version ultra dépouillée sans fioritures juste avec 3 claviers.

En quoi consiste la tournée ? Sera-t-elle exclusivement hexagonale ?

Hervé Lomprez : Non. Le gros de la tournée qui aura lieu en mars avril nous conduira aussi en Hollande, en Allemagne, Espagne, Portugal, Argentine, Brésil, aux Etats Unis et au Canada. Nous enchaîneront 76 dates environ.

Pour Paris, il n’y aura que le concert de la Loco ?

Hervé Lomprez : Oui. Peut être une autre date au retour de la tournée selon l’accueil reçu par l’album et de l’audience à la Loco. En revanche, nous allons faire des dates dans des pays où nous ne pouvons pas partir avec de grosses structures pour des raisons financières et nous irons avec une structure plus club plus légère et surtout en présentant et en remerciant les personnes qui ont travaillé sur les mixes. Ce soir il y aura Millimetric et Nida lang qui ont travillé pour nous. Pour les remixes nous avons travaillé avec toutes les nationalités. Par contre, nous leur avons laissé carte blanche. C’est-à-dire qu’ils ont fait ce qu’ils ont voulu, même dance ou world, et nous avons respecté leurs choix.

Donc même si artistiquement vous n’êtes pas dans le même registre ?

Hervé Lomprez : Oui. C’est une approche différente mais nous la respectons. C’est la moindre des choses.

Si vous deviez définir votre musique en trois mots, quel serait votre choix ?

Hervé Lomprez : Trois mots ? J’en sais rien du tout. Je dirais…ce que nous recherchons c’est l’émotion musicale et pour moi c’est important. L’émotion, un petit côté de mélancolie qui nous tient à cœur et une actualité au nouveau de la présentation de cette émotion. Il y a une chose, que je pense très peu de personnes savent.

Trisomie a toujours été très à l’aise dans ces ambiances un peu planantes et émotives quelque part. Nous avons fait un titre Thewar outside qui est sur l’album "Works" qui est une musique très planante avec des bruits tirés de musiques de films datant de la guerre et nous avons chanté d’une manière convaincante dans notre style mais avec des mots qui ne veulent rien dire. Personne n’a fait de commentaire car il y avait une adéquation parfaite entre la voix, la musique et l’émotion. Nous sommes conscients que ce n’est pas des choses qu’il faut faire c’est quand même typiquement Trisomie.

Et là où Philippe est très fort. Nous avons une manière de travailler qui est très bizarre car nous ne nous croisons jamais. On se voit très rarement. Là le groupe ne s’est pas réuni depuis 6 ans. Nous travaillons toujours à distance et il n’y a pas de répétitions. Quand Philippe chante en studio, il arrive à faire passer une émotion d’emblée. Avant de retravailler un peu la voix au montage. Je lui lance mes idées et il chante sans jamais avoir entendu la musique auparavant. Et très souvent on garde 80% des premières prises. Et il ne veut pas entendre mes musiques avant. J’écris mes textes. On fait un essai de voix avant pour le volume, on enregistre et on garde. C’est très étonnant et c’est propre à Philippe.

Et il y a cependant beaucoup de technologie chez Trisomie ?

Hervé Lomprez : Ce qui nous cause quelques soucis parce que nous avons beaucoup travaillé avec des systèmes de montage et des improvisations remontées. Nous avons passé beaucoup de temps à réapprendre tous les titres pour pouvoir les jouer en live et c’est là où nous ne sommes pas à l’aise en live. Même si on dit qu’il y a beaucoup de technique, d’ordinateurs, on fait quand même de l’impro dans le studio et ce n’est donc pas évident de les rejoue à un moment précis. C’est pas notre truc. Nous sommes toujours un groupe informatique mais d’improvisation.

Et la chose qui est primordiale aussi c’est que c’est la première fois que nous n’avons pas utilisé de machines comme…base où recaler des claviers. Tout était joué entièrement à la main, toutes les séquences juste quelque secondes que nous avons monté. Aucune machine n ‘est intervenue. Nous gardons un très beau souvenir de cet album. C’est un vrai retour par rapport notamment à Gohohako dans lequel il y avait beaucoup de programmation. Nous avons pris beaucoup de plaisir à jouer à discuter et à modifier même si les machines sont intervenues pour la finalisation du produit.

Nous allons vous libérer... (ndlr : Hélas !)

Hervé Lomprez : Merci. J’espère que ça vous ira.

 

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