Indie-pop dans l'air du temps, optimiste et vitaminée, donc affligeante, la musique de Jukebox the Ghost hantera surtout les plateaux des festival estivaux – vous savez, là où vont mourir les abonnés aux premières parties en bout de course, devant un public aux trois quarts composé d'amateurs de musique qui ne vont jamais voir un concert de l'année, qui achètent les disques recommandés par les têtes de gondoles des hypermarchés de la distribution culturelle (quand ce n'est pas par celles des hypermarchés tout court), par la presse généraliste spécialisée essoufflée (quand ce n'est pas par la presse télévisée pour masses écervelées).
Cela ne veut pas dire que le troisième album du trio est mauvais. Il est simplement insipide. Pop appuyée sur le piano et la voix de fausset de Ben Thornewill, guillerette, joyeuse, faussement profonde et évocatrice. A l'eau de rose, comme ces séries sentimentales cheap dont elle ferait une bande originale rêvée. Sans inspiration. Inoffensif, donc pas loin d'être inutile.
Ah ! Minuscule non événement tenant lieu d'arrière-plan biographique à l'album : le groupe s'est délocalisé de Philadelphie à Brooklyn. Brooklyn, sans déconner ? Oui, comme tous les autres. Moustaches, chemises à carreau, jeans slim. Jolie musique un rien gratuite, obsédée d'arrangements maniérés. Voilà. |