Montage de textes de Christophe Tarkos conçu et mis en scène par Roland Auzet, avec Pascal Duquenne et Hervé Pierre.
Avec "Tu tiens sur tous les fronts", Roland Auzet propose un spectacle atypique qui ressortit quasiment à la performance, outre qu'il porte sur scène les mots d'un poète contemporain, Christophe Tarkos, qui fut un sculpteur de mots pratiquant la "mastication verbale", tant il repose sur la personnalité et l'alchimie de ses protagonistes.
Une alchimie dont il est patent qu'elle n'est pas reproductible à l'identique et que chaque représentation sera unique.
Sur scène, dans une scénographie à l'esthétique géométrique en noir et blanc, positif/négatif, de Goury, qui ne laisse pas présager pas du maelstrom final, deux hommes.
L'un parle beaucoup, ruminant ses pensées sur le monde et son état au monde. L'autre est muet mais s'exprime par le dessin et la peinture. De la rencontre et du choc de la différence.
Le premier, c'est l'excellent comédien Hervé Pierre, sociétaire de la Comédie Française, virtuose de la langue qui, pratiquant l'éloquence sensible, s'empare de la prose du poète pour lui prêter, non seulement sa voix mais son souffle, sa bonhommie et sa truculence.
Le second, c'est l'acteur Pascal Duquenne, de la troupe belge Créahm (création et handicap mental) révélé par le film "Le Huitième jour" de Jaco Van Dormael pour lequel il a reçu le Prix d'interprétation masculine du Festival de Cannes en 1996, qui apporte par sa présence et sa manière d'affirmer ce qu'il est par une résistance active.
Tous deux dansent. Deux hommes qui dansent et qui finissent à jouer comme des Indiens au visage peint. Une ode à la vie jubilatoire.
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