Cette soirée au Trianon débute par une entrée en matière plutôt énigmatique de la part de Phoebe Killdeer & The Short Straws.
Noir total sur la scène, mélodies lancinantes et trémolo de guitare. Armée d’un chemisier transparent et de son rituel jeté de cheveux, la demoiselle se lance dans une tactique de séduction assez frontale du public parisien et les décibels s’envolent… s’envolent tellement haut que les tympans frisent l’overdose !
Néanmoins, sa voix grave et suave retient toute l’attention. Son énergie et sa présence sont indéniables. L’artiste australienne est là devant nous les deux pieds bien ancrés sur la scène et nous offre un extrait de son répertoire très rock qu’elle porte à bout de bras. Elle a des faux airs de Cat Power et de la chanteuse Jessica Larrabee du duo She Keeps Bees.
Elle nous gratifie de quelques compositions rockabilly plus proches de l’univers d’Imelda May que de celui des Stray Cats, oui, mais sa palette est bien plus étoffée qu’il n’y parait.
Elle nous délivre donc l’un des titres du dernier album Fade Out Line, très groove et parfaitement calibré pour les ondes. Juste de quoi nous donner l’envie d’écouter son cd et de mettre le volume comme bon nous semble.
Puis vient Eiffel. Le public s’est déplacé en masse pour voir le groupe sur la scène du Trianon.
Cette formation née à l’époque durant laquelle j’écoutais "encore" les Spice Girls est un mariage réussi entre le patrimoine musical français et le rock anglo-saxon des années 60... Il y a aussi une pointe de trouvailles technologiques datées 80’s dans leurs compositions.
Entre Noir Désir pour les textes et le charisme et les Pixies pour les bidouillages en tous genres, cette formation bordelaise a su engrener et tenir les auditeurs en haleine sur plusieurs années.
Les arrangements comptent peut-être un peu trop de fioritures à mon goût. Néanmoins, c’est la signature d’un groupe résolument talentueux alors je m’incline. Lorsque la joyeuse bande s’attaque au titre "Libre", la mayonnaise prend immédiatement.
Romain Humeau, le chanteur et leader du groupe semblerait user et abuser d’une recette aussi simple qu’efficace : celle-ci consisterait à saupoudrer ce rock énergique de sensibilité et de générosité. Son chant est impeccable et plein de nuances, sa présence incroyable.
Il aura fallu près de trois chaleureux rappels, d’une intervention de Monsieur Humeau dans la fosse aux lions, d’une petite démonstration de beatbox et d’un faux final avec Miss Killdeer sur le titre "Chaos of Myself" pour combler l’auditoire !
Le bouquet final sera servi sur le titre "Je voudrais pas crever" même si mon coup de cœur de la soirée revient au morceau "Lust for power".
En somme, du pur rock made in France qui n’a cessé de faire trembler, tout au long de cette belle soirée, le parquet flottant du Trianon ! |