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Interview  (Paris)  mardi 22 mai 2012

Irmin Schmidt, claviériste et fondateur de Can, le fameux groupe de Krautrock, a travaillé sur des enregistrements inédits du groupe pour en extraire trois heures de musique, sous le nom de The Lost Tapes. Ces enregistrements datant de 1968 à 1977 prennent diverses formes, du live à la musique de film en passant par des jam sessions. Ces enregistrements regroupent aussi des morceaux avec les deux chanteurs du groupe, l'américain Malcolm Mooney et le japonais Damo Suzuki. Ce sont deux producteurs prestigieux, son acolyte Kumo et Daniel Miller, grand amateur de Krautrock, patron de Mute et producteur de Depeche Mode, qui aideront à l'accouchement de ce monstre.

Rencontre avec Irmin Schmidt au café de Flore à Paris pour un entretien entièrement en français.

Daniel Miller a-t-il influencé d'une quelconque manière cette exhumation d'anciens travaux ?

Irmin Schmidt : Non. Nous travaillons avec lui depuis dix-huit ans, mais il s'agit d'abord de liens juridiques concernant la distribution entre Mute et Spoon Records, le label de Can. C'était naturel que je discute avec lui du projet. Je lui ai fait écouter les morceaux que j'avais choisis. Nous avons énormément échangé car, concernant mon travail j'étais plus critique et rigide que lui. Jono Podmore (ndlr : alias Kumo), qui a aussi collaboré à ce travail, prenait souvent le parti de Daniel en ce qui concernait le choix des morceaux. Ils étaient une sorte de contre-pouvoir face à moi. Mais nous n'avons passé que deux après-midis en studio ensemble à écouter ma première sélection de bandes. Daniel joue un grand rôle pour Spoon Records parce qu'on travaille ensemble et en toute confiance depuis longtemps mais la proposition de sortir ces inédits vient d'Hildegarde, mon épouse et manager de Can depuis les années 70.

L'ordre des morceaux n'est pas chronologique, comment avez-vous décidé de la tracklist ?

Irmin Schmidt : J'avais 50 heures de bandes à disposition. J'ai trouvé qu'il y avait presque trois heures de musique dont la qualité atteignait le niveau de ce que nous avions fait paraître de par le passé. Le reste ne sera pas exploité à l'avenir et partira à la poubelle. J'ai ensuite travaillé avec Kumo sur les "collages" des extraits de pièces musicales, en particulier pour les musiques de films. Ensuite l'ordre des morceaux est mon choix pour avoir un narration cohérente sur chacun des disques.

Cette narration est-elle aussi un témoignage de l'État politique et sociétal de l'Allemagne des années 70 ?

Irmin Schmidt : Quand nous avons fondé le groupe, nous étions tous de jeunes hommes d'une trentaine d'années. Nous n'étions plus des adolescents et avions déjà une carrière derrière nous. Mais cela signifie aussi que nous étions des enfants de la guerre et que nous avions vécu notre adolescence durant l'après-guerre. Notre expérience était donc forcément différente de celle de quelqu'un de notre âge dans n'importe quel autre pays du globe. Nous avions grandi dans des villes détruites, pas seulement au sens physique mais aussi culturellement. Il y avait une fracture avec la génération précédente qui avait amené les nazis au pouvoir. C'est un contexte qui a influencé mon travail et ma réflexion personnelle.

L'autre aspect à prendre en compte, c'est que monter un groupe en 68, alors qu'une carrière prometteuse s'ouvrait devant chacun de nous, était typique de l'époque. Malgré ma formation classique, je trouvais que le jazz et le rock étaient des langages musicaux à explorer et un moyen d'ouvrir notre culture allemande à d'autres cultures extra-européennes, comme l'avaient déjà fait les expressionnistes allemands au début du XXe siècle. Ces morceaux sont donc bien un témoignage de notre tentative de participer à l'établissement d'une culture allemande qui prendrait en compte notre expérience. Sur un territoire détruit, l'Allemagne a vécu en essayant de copier la culture venue de l'extérieur, la musique française ou américaine. C'est seulement à partir des années 60 que des artistes allemands ont évoqué leur expérience de la guerre et de l'après-guerre à travers l'art. Can a un côté brut, agressif, qui vient aussi de là.

 

A lire aussi sur Froggy's Delight :

La chronique de l'album Axolotl Eyes de Irmin Schmidt & Kumo
La chronique de l'album 5 Klavierstücke de Irmin Schmidt
L'interview de Irmin Schmidt (14 janvier 2011)

En savoir plus :
Le site officiel de Irmin Schmidt
Le Myspace de Irmin Schmidt & Kumo
Le Facebook de Can

Crédits photos : Thomy Keat (Toute la série sur Taste of Indie)


Laurent Coudol         
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