Sortis en juin, The Lost Tapes de Can sont réédités en cette fin d'année sous forme de cinq vinyls par le label Mute, un beau cadeau à déposer au pied du sapin.
Trois heures de musiques inédites enregistrées entre 1968 et 1977, triées sur plus de cinquante heures de bandes par Irmin Schmidt, claviériste du groupe, disciple de Stockhausen, passé à la fin des années 60 de la direction d'orchestre au rock. Ces bandes sont aussi bien des lives que des improvisations, des expérimentations, des morceaux abandonnés ou des musiques de film. Le travail de production a été réalisé par Irmin Schmidt avec le soutien de Kumo (aka Jono Podmore), le compositeur britannique de musiques électroniques et de Daniel Miller, fondateur de Mute, le label de Depeche Mode et de Nick Cave, mais aussi grand producteur de synthpop durant les années 80.
On ne compte plus les musiciens qui citent Can comme référence : Radiohead, bien entendu, mais aussi les Stone Roses, Julian Cope ou Joy Division. Ces Lost Tapes donnent l'occasion de comprendre l'influence majeur de Can sur la scène indépendante qui a émergé dans les années 80 et 90. On retrouve des manières de travailler le son sous forme de copier/coller (cf. le second LP des Stone Roses) ou la manière maniaque, isolant les détails, dont Radiohead élabore ses chansons.
Mais ces Lost Tapes sont avant tout un merveilleux moyen d'aborder la musique de Can dans ce qu'elle a de plus complexe et de plus envoûtante. Chaque disque forme un tout dont on peut cependant extraire des pans entiers. "Midnight Men" et "Messer, Scissors, Fork And Light" s'imposent déjà comme deux grands morceaux de Can entre ciel (les mélodies) et terre (les percussions), "Dead Pigeon Suite" est un long morceau de rock progressif à l'atmosphère hantée. On continuera ainsi longtemps à fouiller dans les trésors contenus dans ces enregistrements avant d'en extraire définitivement la quintessence. |