Pièce chorégraphique conçue par Cathy Testa et Marc Thiriet, interprétée par Lucie Blain, Estelle Chabretou, Guillaume Feyler et Cathy Testa.
Zone Libre se présente comme un collectif. Cette compagnie qui mêle danse, musique, photos, vidéos est composée de trois danseuses, Lucie Blain, Flavie Hennion et Cathy Testa.
"Le Secret de la petite chambre" est un triptyque dont chacune des interprètes peut danser les trois parties. Pour la représentation du 18 janvier 2013 à l'Espace Daniel Sorano de Vincennes, ce fut un atout non négligeable puisque, en raison de conditions climatiques, une des danseuses ne put être présente. Chaque soir, un tirage au sort désigne celle qui interprétera telle ou telle partie du triptyque.
La pièce s'ouvre sur une pièce très graphique. Le corps sort à peine de l'ombre. La lumière créée par Sanglar, qui dessine une jungle abstraite, joue un un rôle à part entière. Les gestes sont tantôt fluides, tantôt hachés. Le corps de la danseuse semble se cacher dans les recoins de la salle.
La musique de Guillaume Feyler, d'abord des percussions puis de la viole de gambe, enveloppe l'ensemble. Chacun peut y projeter les repères auxquels il se raccroche le mieux. La troupe a construit cet épisode autour de Francis Bacon, mais l'oeuvre toute en noir de Pierre Soulages ou "L'année dernière à Marienbad" d'Alain Resnais, pour ses élégants noirs et blancs, ses scènes qui se répètent ou sa musique, peuvent tout autant servir de repère au spectateur.
Dans la seconde partie, la danseuse se transforme en fauve. La lumière met en valeur les muscles. Féline, elle évolue sur ses quatre membres, son visage toujours hors de la lumière. Animale ou travailleuse, son corps est d'abord constitué de muscles, et la chorégraphie de Cathy Testa et Marc Thiriet montre l'utilitarisme du corps, corps physique ou corps social sans visage, qui évolue sur la scène, voire la piste comme on dirait de la piste d'un cirque, avec pour seul horizon son action immédiate.
Lorsque la danseuse entre en scène pour la troisième partie, elle est affublée de chaussures japonaises à semelle plates mais très épaisses. Sa silhouette en est déformée. Inspirée d'un roman de Yoko Ogawa, la geisha tourne sur elle-même telle la petite danseuse d'une boîte à musique. Mais ses mouvement sont allégoriques, la puissance, la gloire, la victoire, voire la victoire dans la mort.
D'abord sirène qui évolue dans un environnement liquide, la danseuse devient aérienne. Les chaussures tassent sa silhouette et la ramènent à la terre mais les bras montent vers les cieux, l'échine est tendue, chaque muscle, encore une fois, souligné par la lumière.
Nues sur scène, mais enveloppées du voile pudique de la semi-obscurité, les danseuses offrent une performance techniquement parfaite et entièrement généreuse. Cette pièce chorégraphique est une invitation au rêve, à la méditation et à la réflexion. |