Spectacle écrit par Françoise Lepoix, mise en scène de Françoise Lepoix et Nicolas Fleury, avec Françoise Lepoix, Aurélie Youlia et Stan Valette.

Initialement prévu au Théâtre Paris-Villette, le spectacle conçu par Françoise Lepoix pourra surprendre les habitués de la Maison de la Poésie.

Il n’est en effet pas question dans "Portrait Anna Seghers" d’une lecture ou d’une adaptation pour le théâtre d’œuvres de la romancière et nouvelliste allemande, mais d’une mise en scène du journal de

Françoise Lepoix cherchant dans Berlin les traces déjà perdues de cet écrivain communiste, figure de proue de la littérature est-allemande. Françoise Lepoix est partie à la recherche de gens qui ont connu Anna Seghers, l’ont fréquentée, l’ont suivie ou perdue dans ses contradictions politiques, dans la tourmente de son histoire personnelle fracassée par la terrible histoire allemande du siècle de la Révolution russe et de la Shoah.

En compagnie d’Aurélie Youlia, qui interprète différents protagonistes de la vie d’Anna, Françoise Lepoix trace un portrait impressionniste d’une grande dame qu’elle ne veut pas réhabiliter, car, bien qu’écrivain officiel dirigeant l’union des écrivains est-allemands, elle n’a jamais été dupe des insuffisances du "socialisme réel".

Non, ce qui motive Françoise Lepoix, c’est qu’elle ne veut pas que cette voix humaine, proche des petites gens, préoccupée sincèrement de l’avenir meilleur de ceux qui n’en avaient guère, ne soit pas tue par la victoire de l’Allemagne libérale.

Certains ont pensé qu’une lumière brillait à l’Est, ont rêvé qu’elle se propagerait partout dans le monde. Maintenant qu’a été éteinte la petite flamme de l’utopie, il est peut-être temps d’en revenir à ces écrivains qui, de Brecht à Anna Seghers, croyaient sincèrement qu’il fallait lutter contre l’injustice sociale et proposer une autre société.

Influencée par ses années mexicaines, sa découverte de Toussaint Louverture et de la révolution haïtienne, Anna Seghers était vraiment un écrivain internationaliste s’enflammant pour toutes les révoltes.

Pour l'appréhender, Françoise Lepoix et Aurélie Youlia parcourent de fond en comble la scène, marchent ou s’assoient sur des chaises, dans les couleurs musicales imaginées par Stan Vallete.

Peu à peu, Françoise Lepoix fait partager sa quête, donne envie d’en savoir plus sur Anna Seghers au point que le spectateur sera frustré de n’avoir pas droit à de "vrais" extraits de ses œuvres, mais simplement des bouts de correspondances ou d’interviews.

Heureusement, la belle figure d’Anna apparaît finalement. Grâce à Françoise Lepoix qui a su transmettre son admiration, le spectateur sera ému par cette apparition.

Un spectacle intimiste qui n'a qu'un but : éveiller la curiosité pour un écrivain qui ne mérite pas d’être ostracisé et dont la voix serait bien utile de nos jours.