Monologue dramatique écrit et interprété par Elizabeth Mazev dans une mise en scène de François Berreur.
Née en France, de réfugiés politiques bulgares, Elizabeth Mazev a décidé de raconter son histoire sur scène.
Débarquant avec deux valises, deux nattes blondes et une tenue traditionnelle, avec en fond sonore l’écho lointain de "La Maritza" de Sylvie Vartan, Elizabeth Mazev ne perd pas de temps : en quelques secondes, elle projette son spectateur dans "Les tribulations d’une étrangère d’origine".
Avec son léger délicieux accent slave, l’évocation de ses premiers souvenirs familiaux et scolaires, elle trompe bien son monde !
En effet, pour qui ignore ses "fréquentations" précoces, son amitié dès l’école élémentaire avec un certain Olivier Py, Élizabeth paraît partie pour un "seule en scène ethnique" comme on en voit souvent dans les cafés-théâtres.
Que nenni ! C’est un parcours dialectique, avec ses hauts et ses bas, ses anecdotes et ses histoires, ses exhibitions et ses inhibitions, ses différences et ses ressemblances, qu’elle va raconter. Comment la petite fille, née bulgare mais aussi pas riche, va devenir une comédienne servant un théâtre exigeant.
Pour bien la cerner, on peut dire qu’elle est plus proche d’Annie Ernaux que de Sylvie Vartan. D’ailleurs, "Mémoire pleine", le texte qu’elle adapte ici, n’est pas sans correspondance avec les ouvrages de l’auteur de "La Place".
Elizabeth Mazev prend donc bien soin de ne pas faire de son récit une série de "sketchs". Non. C’est une trajectoire logique et objective, vraiment mise en scène par François Berreur, qui commence en tenue bulgare et qui s’achève en comédienne parisienne.
Enlevant successivement ses couches de vêtements folkloriques, Elizabeth se révèle et évolue. La petite fille qui devait se déguiser en bulgare pour la fête de l’école va devenir une femme qui interprète Valère Novarina.
Elle dessine un parcours aussi théâtral que sociologique, ses origines ethniques et sociales se mélangeant pour faire ce qu’elle est ou n’est pas. Elle traque au plus profond d’elle-même tout ce que ses origines ont conditionné dans son être.
Pour mal parler, elle a longuement questionné son identité et ce questionnement a fini par lui donner la bonne distance entre agacement et amusement. Pas de nostalgie, jamais de nostalgie.
Pas d’apitoiement, jamais d’apitoiement. Mais un bel exercice d’introspection sur elle-même magnifié par une écriture d’une grande qualité.
Sans ses nattes blondes, Elizabeth a tous les talents. Comédienne qui sait captiver son public, écrivain qui a le mot juste, Elizabeth Mazev donne avec "Les tribulations d’une étrangère d’origine" une nouvelle dimension au "seul en scène". |