Ce groupe français formé en 2004 par les deux frères Antoine et Nicolas Puaux dans les Bouches du Rhône en est déjà à son troisième album avec ce Violence with benefits.
La "Violence", c’est cette bagarre après un concert en 2011 qui a valu aux deux frangins 150 heures de travaux d’intérêt général après une plainte déposée contre eux et une condamnation. Les "Benefits", c’est évidemment cet album enregistré dans la chapelle baroque de l’école de musique où ils donnaient des cours pour purger leur peine. La pochette de l’album figurant une statue à l’oeil au beurre noir fait d’ailleurs écho au côté religieux du lieu et à la violence à la source de ces 9 mois d’enregistrement.
Paradoxalement, la violence musicale des deux précédents albums plutôt électriques a laissé la place à une musique principalement acoustique et très richement orchestrée. On est un peu à la frontière entre musique de film et musique classique, par la présence de nombreux instruments (violon, cuivres, piano, vibraphone) qui viennent en renfort du trio habituel guitare, basse, batterie. Mention spéciale à la violoniste Christelle Lassort (qui officie également chez Mansfield Tya et Camille) qui joue un rôle primordial dans une majorité des titres ou donne le rythme aux autres à renforts de pizzicato.
La voix rauque et écorchée du chanteur principal fait automatiquement penser à Tom Waits ("Liar", "Dinner"), la musique quant à elle rappelle Nick Cave & The Bad Seeds pour la noirceur et le côté mélancolique et à Get Well Soon pour la magnifique orchestration de l’ensemble ("Still Waiting", la meilleure chanson de l’album à mon avis).
On trouve plusieurs titres déjà présents dans les précédents albums ("Wet Dead Horses" et "Clay Musty Smell") mais réorchestrés de façon un peu western-tango pour le premier, un peu mariachi-mélancolique pour le second, avec de jolies percussions pour les deux, on trouve également plusieurs titres uniquement acoustiques ("Edgar A. Poe" et tous les interludes et le thème principal "Carnival"), "Bottom Bitch" pour sa part trouverait bien sa place dans un film de suspense. Dans "Enki", les différentes voix des membres du groupe se mêlent accompagnées très discrètement par les différents instruments, le calme et la sérénité se ressentent également dans "Ghost Meeting", la "berceuse" de l’album (dans la lignée de "This Lullaby" des Queens Of The Stone Age).
Tout en gardant le côté énergique dans leurs paroles, les deux frères ont su s’entourer de musiciens talentueux pour donner un élan quasi symphonique à certaines de leurs créations et sans doute atteindre une certaine maturité au niveau de leur style et de leur son. |