Pollen est-il un très bon disque ? Malheureusement non. Est-il alors un mauvais disque ? Et bien non, non plus ! Trois années ont passé depuis la sortie de Wave if You’re really there, premier opus de Wave Machines, disque plutôt honnête et léger, aux mélodies bien balancées qui avait replacé Liverpool sur l’échiquier de la pop.
S’en est suivie une tournée, leur mini tube "Keep The lights On" s’est retrouvé sur des compilations à la mode, a servi de musique de publicité. Alors que bon nombre de groupes se seraient dépêchés de sortir leur deuxième disque pour profiter de son succès, Wave machines a préféré prendre son temps, favoriser sa vie de famille et répartir différemment les rôles de compositeur.
Exit l'écriture collégiale du premier album. Pour gagner en cohérence sonore, en densité et en intensité, le groupe décide de laisser seuls le chanteur, Tim Bruzon et le clavier Carl Brown aux manettes. La transformation est impressionnante, la musique devenant plus audacieuse, gagnant souvent en profondeur et en épaisseur. Pourtant, tout n’est pas si rose. Le groupe se prend les pieds dans un groove electro funk brinquebalant ("I’ll Fit", "I Hold Loneliness") et, surtout, nombre de chansons manquent de cohérence, d’aboutissement, leur construction même devenant aléatoire.
En fait les idées semblent fuser mais sans avoir véritablement de lignes directrices. Tout cela étant peut-être dû à un processus créatif étrange, fait d’aller-retour entre le studio londonien du producteur Lexxx (Arcade Fire, Goldfrapp, Bjork) et le lieu de répétions du groupe à Liverpool, le tout entremêlé de retouches diverses où Bruzon et Brown pouvaient couper, modifier, approuver ou rejeter, overduber ou éditer les titres.
Reste que Wave Machines sait manier indéniablement les atmosphères, et possède un véritable talent de mélodiste ("Counting Birds", "Blood Will Roll", "Pollen", "Unwound"). On préféra donc penser que les anglais, qui se refusent à devenir mainstream et à se fondre dans le bruit environnant auront réalisé plutôt un bon disque avec de gros ratés que l’inverse. |