Réalisé par Erick Ifergan. Etats-Unis. Comédie dramatique. 1h35. (Sortie 6 mars 2013). Avec John Hawkes, Helen Hunt et William H. Macy.

Un chat dans la nuit. Par une fenêtre entrebâillée, il entre dans un appartement. Avance sur une espèce de long caisson, et sa queue finit par frôler un nez.. "Surtout ne pas penser à se gratter" dit alors une voix off, celle qui correspond à la tête qui dépasse du caisson.

Voilà l'étrange et prometteur début de "The Sessions" qui retrace l'histoire (vraie) de Mark O'Brien, poète, journaliste... et victime de la polio.

C'est lui dont la tête dépasse du caisson qui lui permet de survivre et dont le réalisateur Ben Lewin, lui-même atteint par cette maladie quand il était enfant, va nous conter l'initiation à la sexualité par une thérapeute "assistance sexuelle".

Sur le papier, on pourrait imaginer qu'on a là les arguments pour un film scabreux pour voyeurs. Quand on sait que la thérapeute très particulière, qui paie de sa personne pour dévergonder Mark, est interprétée par Helen Hunt, la presque cinquantaine prometteuse, il y a de quoi venir pour se rincer l'oeil.

Désolé pour les amateurs de graveleux, Ben Lewin traite le sujet avec un mélange fort réussi de sensualité et de pudeur. Il a avant tout soigné ses personnages, à commencer par celui de Mark O'Brien interprété par John Hawkes qui ne cherche jamais la compassion et fait preuve d'un humour dévastateur.

Il faut dire que le dispositif du film n'est pas commun : Mark, fervent catholique, ne peut agir sans l'intervention de "son" prêtre. C'est lui qui lui donne le feu vert pour le sexe "hors mariage", c'est lui qui reçoit sa confession après chaque séance. On imagine ce que doit ressentir un homme de Dieu qui a fait vœu de chasteté quand son ouaille paralysée - mais heureusement pas de partout - lui révèle le grand secret...

Pour bien enfoncer le clou, Ben Lewin a fait appel à l'immense William H. Macy, plus fripé que jamais, plus cocker triste avec de long cheveux roux qu'à l'accoutumé. Il est le prêtre catholique que l'on aimerait tous connaître, surtout si l'on considère que la religion est plus une recherche, un approfondissement humaniste qu'un dogme qu'il faut suivre à la lettre.

Dans "The Sessions" règne ce climat de bienveillance et de tolérance. Chaque personnage, même l'employé chinois du motel où vont s'ébattre (pour la bonne cause médicale) John Hawkes et Helen Hunt, porte en lui de bonnes ondes et, de surcroît, est fort bien dessiné.

Evidemment, on est ici dans "un feel good movie" dans lequel le rire et les larmes font bon ménage. Évidemment, on décernera une mention spéciale à Helen Hunt, toujours aussi belle, sereine et bonne comédienne. Elle a obtenu l'Oscar du second rôle 2013 pour "The Sessions" mais méritait sans doute bien plus.

En tout cas, sur un sujet qui a donné le pire, genre "My Left Foot" de Jim Sheridan avec Daniel Day-Lewis ou l'association maléfique Sy-Cluzet dans "Intouchables", Ben Lewin réussit le meilleur. On n' oubliera pas John Hawkes et toutes ses filles fort désirables qui poussaient son brancard avec une énergie pleine d'amour.