Fantaisie culinaire et musicale écrite et mise en scène par Christina Fabiani, avec Hélène Arié, Géraldine Seguin, Félicien Delon, Jean-Yves Duparc, Jacques-Marie Legendre et Jérémie Oler.
En route pour le Trophée Marmiton, les apprentis du restaurant Chez Sixtine, à la réputation établie, préparent les plats qui seront bientôt notés par un jury.
Ca siffle et ça frappe, bruitages et percussions, la cuisine (réalisée par Patrice Lechevallier dans les tons gris-argent) toute entière résonne et tintinnabule. Sous les ordres du second (chef, oui chef) c’est toute une brigade d’apprentis artistes des fourneaux qui s’affaire de tout côté comme dans une vaste fourmilière.
Le choix de l’auteure et metteure en scène Christina Fabiani de placer toute l’action de sa pièce dans la cuisine et de régler tous les déplacements comme un vaste ballet est audacieux.
"Saveurs et amertumes" ou l’art d’être en cuisine dans un style original, ni comédie musicale classique ni pièce ordinaire raconte les dessous d’un grand restaurant, la lutte de la tradition face à la modernité (en l’occurrence, un fonds d’investissement qui veut racheter Chez Sixtine à des fins purement mercantiles).
Le parcours de la chef de cuisine (Hélène Arié) devenue MOF (meilleur ouvrier de France) dans une scène pleine d’émotion qui évoque l’amour de la cuisine et ce qui la rattache à la terre est un très beau passage.
Rendant bien compte de l’ébullition d’une cuisine en plein service, ainsi que des différentes tâches et spécialités qui la composent, le texte de Christina Fabiani, bien documenté, élève la grande cuisine au rang d’art et rend les ingrédients éminemment évocateurs et poétiques.
Les instruments de percussion intégrés aux différents plans de travail donnent à l’ensemble une atmosphère bien particulière. Les parties musicales, parfois un peu confuses avec l’ensemble des comédiens, donnent dans les mains des deux percussionnistes virtuoses, Vassiléna Sérafimova et Benoît Maurin, des moments exceptionnels et hors du temps.
Un spectacle atypique qui est un bel hymne à la tradition de la gastronomie et ce qui fait l’amour de ce métier confronté aux réalités du monde moderne. |