Comédie dramatique de Markus Orths, mise en scène de Sarah Capony, avec Coco Felgeirolles, Gaëtan Vassart, Erwan Daouphars, Flore Grimaud, Sarah Capony et Hélène Viviès.
Adapté du roman de Markus Orths, "Femme de chambre" décrit l'itinéraire de Lynn, jeune femme aussi banale qu'étrange, inadaptée au monde brutal et mensonger qu'elle doit affronter quotidiennement.
Le zèle qu'elle manifeste dans son emploi à l'hôtel affecté au nettoyage des chambres, va l'entraîner peu à peu à entrer dans la vie des gens.
Dans un style réaliste et sans artifices, Sarah Capony raconte avec beaucoup de sensibilité le parcours de Lynn, personnage très romanesque qui, à l'instar de Candide ou de Forrest Gump, dépeint le monde de son point de vue, mettant en évidence les absurdités ou la brutalité d'une société où elle peine à trouver sa place. Entre les visites régulières à son psy et les appels à sa mère, Lynn, effacée et témoin de la vie des autres rêve de prendre possession de la sienne et d'en être enfin le moteur.
Le spectacle tout en intériorité donne évidemment la part belle à Lynn que Sarah Capony incarne avec maestria, on sent son envie de défendre ce personnage. A ses côtés, les autres comédiens sont également irréprochables : de Coco Feilgerolles qui donne une vraie épaisseur au rôle de la mère à Hélène Viviès (impressionnante Chiara), Flore Grimaud (énigmatique Sabrina), Gaëtan Vassart (irrésistible en client) ou Erwan Daouphars (le propriétaire de l'hôtel aux contours flous), tous sont parfaits.
"Femme de chambre" finit un peu comme il a commencé. Pas de renversement de situation et pas d'espoir pour son héroïne qui veut pourtant s'en sortir, mais de petites choses mises bout à bout qui révèlent les manques et les failles d'un personnage attachant. Le rythme lancinant de la pièce est semblable à la ligne de fuite que suit Lynn jusqu'à la déraison, sans se trouver jamais.
Un spectacle sombre et émouvant qui mérite le Prix Théâtre 13 Jeunes metteurs en scène qu'il a reçu en 2012. |