Création collective de la Compagnie Aorte, mise en scène de Pénélope Avril et Nadège Cathelineau, avec Lucie Aron, Nadège Cathelineau, Victor Fradet, Pierre Gandar, Sebastien Lelaire, Manon Poinsaint, Kyoko Takenaka et Maxime Villeleger.

Autour d’un cube dont l’une des parois, transparente, permet de voir l’intérieur tandis que des barreaux en ferment un côté, gravitent des personnages qui se cherchent et se heurtent par maladresse.

Sur la scène, les comédiens, tous présents d’un bout à l’autre du spectacle dans des coulisses à vue jaillissent les uns après les autres, le tout commenté par un étrange Monsieur Loyal (désopilant Maxime Villeléger) : un clown en maître de cérémonie qui représente également l’image du père.

Les scènes s’enchaînent avec fluidité, déroulant les trajectoires personnelles et celle du groupe.

Nadège Cathelineau avec "Manège, tragédie d’enfants" évoque le passage de l’enfance à l’âge adulte avec un texte fort et poétique qui brasse plusieurs thèmes mais principalement les préoccupations de jeunes adultes autour du couple, de la famille et de la prise de conscience d’une vie à affronter.

Elle propose avec Pénélope Avril (et l’ensemble des comédiens) une mise en scène étonnamment maîtrisée, des personnages bien dessinés qu’on suit sans difficulté et des tableaux souvent d’une grande intensité. C’est audacieux, énergique et démontre un bel engagement de la part de tout le groupe qui donne une vraie consistance aux atermoiements de jeunes gens qui ne parviennent pas à aimer.

Tous les comédiens, issus pour la plupart de l’ESAD de Paris, sont épatants. Lucie Aron compose avec intelligence et force une femme déchirée dont la blessure intérieure se révèle dans le quotidien. Victor Fradet est Sacha au destin dramatique qui impose une présence intéressante. Pierre Gandar donne un humour désespéré au personnage de Cyril.

Manon Poinsaint joue Clothilde avec beaucoup de sensibilité et de justesse. Kyoko Takenaka fait un numéro étonnant tirant vers le burlesque dans le rôle de la mère sombrant dans la folie. Sébastien Lelaire est un très émouvant Samuel et chacune de ses apparitions percute. Il est saisissant de précision.

Enfin, Nadège Cathelineau explose avec le personnage d’Anna, un pied encore dans l’enfance et des émotions qui se télescopent à la vitesse d’un feu d’artifice. Avec un jeu d’une grande finesse et d’une sincérité totale, elle est totalement bouleversante.

Un manège aux figures attachantes et authentiques qui ne nous perd qu’en de rares occasions (le texte gagnerait à être resserré) mais captive par sa force, et réjouit par ses vrais choix assumés et par sa cohésion. Un joli travail proposé par la Compagnie Aorte qui a indéniablement de beaux jours devant elle.