Babx, qui s’est déjà forgé un succès d’estime, continue son exploration, ses découvertes musicales. Son nouvel album Drones Personnels nous plonge dans un univers fantastique de folies débridées. Ses vaisseaux spatiaux, ses peurs et ses colères : un album résolument contemporain et audacieux.
"Suzanne aux yeux noirs" : est-ce que c’est la Suzanne de Léonard Cohen, revisitée par Bashung ? Elle s’amuse comme Louise Attaque. Ah ces femmes au commande ! Une autre "Tchador woman" rêve d’atomiseur, de coup de rein. Une imagination sans frein ni tabou, une époque de violence, de superstition, de fanatisme, de tyrans ("Despote paranoïaque").
On est à la fois ici et maintenant et à la fois ailleurs et demain. Des messages envoyés dans l’espace, des perdus, des naufrages. Des sirènes, des chœurs de voix africaines, Babx ose et explose. Les arrangements sont finement travaillés, les mélodies classieuses. On n’y danse pas dans le monde de Babx, on y plane en apesanteur. Les femmes sont des monstresses, divinités aquatiques, des créatures de robotique. On se croirait dans la chambre d’un patient plongé dans le coma avec le bruit des machines d’une respiration et d’une alimentation artificielles. Corps et imagination qui hésitent.
Un duo avec Camilla Jordana, slow paradoxal, languissant de "Je ne t’ai jamais aimé"… et d’emballer quand même, je suppose. Babx et ses effets spéciaux. Crispant, il en devient charmant. A-t-il rêvé des mondes parallèles, des vies d’extraterrestres, des univers inversés, des Atlantides et des chants lunaires ? Le travail sur le son, la musique est complètement remarquable un peu Kraftwerk, un peu Pierre Henri. On attend de le voir débarquer sur les scènes parisiennes en combinaison d’aluminium, émissaire persan en visite sur la planète bleue. Les drôles de drones personnels, chevaux de Troie aux déflagrations différées sont autant d’invitations à prendre son envol. |