Comédie dramatique écrite et mise en scène par Mtch Hooper, avec Daniel Berlioux, Anatole de Bodinat, Jade Duviquet, Didier Mérigou, Gaël Rebel et Sophie Vonlanthen.
Pour "Only connect", Mitch Hooper, l'auteur, indique avoir eu envie de parler d'amour à travers le parcours de "six personnages en quête d'amour dans une une ronde qui ne tourne pas rond".
Mais, pour eux, l'amour ne paraît pas tant un but de partage qu'un moyen égotique de pallier soit à la mélancolie soit à la solitude.
En effet, à l'instar de la femme-bondage maintenue en suspension par les fils de la connectivité contemporaine retenue comme visuel pour l'affiche du spectacle, les quadras de Mitch Hooper sont en apesanteur au dessus du gouffre de leur solitude, piégés par le désenchantement bilantiel du mi-temps de leur vie, saisis par le vide existentiel.
Fin observateur de la réalité contemporaine, le choix de Mitch Hooper s'est porté sur des personnages archétypaux placés volontairement dans des situations convenues dont les relations sont abordées de manière séquentielle, fragmentaire, télescopée, comme sous l'action d'un zapping qui donne le tournis, et les échanges caractérisés par la pauvreté textuelle et l'indigence sémantique tant ils sont dans l'irrésolution et rarement dans le temps présent.
Sur le plateau noir, à peine quelques meubles, les personnages se déplacent sans cesse avant d'être parfois figés sur le mode de l'arrêt sur image, tels des lapins sous les phares d'une voiture et souvent, et s'acheminent vers un dénouement sans happy end.
Sur fond saturé d'images, de messages virtuels et de conversations téléphoniques, se déroule une farandole d'histoires concaténées dans une partition morcelée composée de micro-scènes, réduites parfois à de simples vignettes, selon une dramaturgie déstructurée et un découpage scénaristique propre à la forme feuilletonesque.
Ces partis-pris formels, qui fonctionnent moins bien sur un format long, et en l'espèce la partition dure près de deux heures, nécessitent une grande fluidité cinétique, que ne peut pas totalement restituer le théâtre et, surtout, exigent maîtrise et concentration de la part des comédiens.
Sur ce point, la distribution du sextet est judicieuse : Daniel Berlioux (excellent en psychiatre pompeux au bout du rouleau), Jade Duviquet (l'épouse assistante de son grand homme de mari), Gaël Rebel (la haut-fonctionnaire pressurée par des fantasmes de soumission), Anatole de Bodinat (l'amant de service), Didier Mérigou (le banquier divorcé en peine d'un nouveau challenge) et Sophie Vonlanthen qui réussit une belle composition de célibataire indécrottable en mal de maternité. |