Performance théâtro-musicale orchestrée par Mathieu Bauer d'après des textes de Heiner Müller, avec André Wilms et aux instruments Sylvain Cartigny, Lazare Boghossian et Mathieu Bauer.
Court mais intense voyage dans l'oeuvre d'Heiner Müller, "Qu'on me donne un ennemi", orchestré par Mathieu Bauer avec en contrepoint la voix grave et ironique d'André Wilms, allie poésie et rock.
Spectacle paradoxe, à la fois minimal et total, "Qu'on me donne un ennemi" est un oratorio pour voix, batterie, basses et vidéo.
On y croise des héros et des dieux alors que l'homme danse au-dessus du volcan. L'Allemagne est peut-être nouvelle mais elle se construit sur un ordre ancien et Müller l'imprécateur annonce des temps chaotiques. Le flot de ses mots se heurte au fracas du monde. C'est aussi l'heure de l'épreuve pour le dramaturge rongé par la maladie. Avant de tirer sa révérence, il tire les leçons de sa vie.
On se laissera guider dans cet univers, où le verbe est haut et péremptoire, par un André Wilms, assis parmi les musiciens et le maître en effets vidéos Stéphane Lavoix. Le comédien passe du français à l'allemand avec une rare aisance et sait jouer du micro comme un vrai rockeur.
Aux confins de la performance et aux limites du théâtre, Mathieu Bauer, à la baguette et à la batterie, s'appuie sur la musique de ses compagnons de "Sentimental Bourreau", Lazare Boghossian et Sylvain Cartigny.
Ceux qui ont vu, en octobre 2012, à la Maison de la Poésie "Müller Machines" monté par Wilfried Wendling, pourront comparer les deux visions de "La libération de Prométhée". Plus épique chez Wilfried Wendling, plus tragique chez Mathieu Bauer, les deux versions se retrouvent pour vanter l'énergie d'Heiner Müller, sa croyance envers et contre tout aux mots comme armes de combat.
C'est en effet à un "combat rock" que l'on assiste avec "Qu'on me donne un ennemi". Heiner Müller ne s'en serait pas offusqué. |