Comédie dramatique d'après l'oeuvre de Georg Büchner, création du Collectif TDM dirigée par Sarah Gerber, avec Lise Gervais, Matej Hofmann, Willie Schwartz, Maxime Villeléger et Charles-Henri Wolff.

"Woyzeck" de Georg Büchner est un classique de la littérature allemande, considéré comme une des premières pièces du théâtre moderne.

Inspirée d'un fait divers réel, l'assassinat de sa maîtresse par un ancien soldat en 1821, cette pièce inachevée laisse libre-cours à l'imagination des metteurs en scène. La pièce n'existe que par fragments. La réussite de l'adaptation tient donc dans l'occupation de territoires restés vacants.

Dans cette version, "Le cas Woyzeck", le Collectif Théâtre de Minuit a choisi de garder l'essence de la pièce de Brüchner, de l'habiller des propres mots des acteurs dans des scènes proches de l'improvisation, ou du moins ré-écrit après un travail d'improvisation.

L'action se déroule désormais à l'heure actuelle, celle de la guitare électrique et des jeux télévisuels. Pourquoi Woyzeck se sent-il martyrisé par ceux qui l'entourent, quelles sont ces voix qui l'entourent, quelle est sa place dans son milieu?

Un tel texte ne peut être porté que par des comédiens fortement impliqués. Matej Hoffman campe un Woyzeck sombre et inquiétant, fiévreux, habité. Willie Schwartz, dans le rôle du tambour majeur, par ses musiques électriques et les samples sculpte l'atmosphère sur le plateau.

C'est à Lise Gervais que revient la lourde tâche d'amener l'émotion au cours de la représentation. Par opposition, Maxime Villeger et Charles-Henri Wolff vont déminer la noirceur de la pièce par des apartés comiques et des numéros clownesques.

Sarah Gerber pousse les musiciens à occuper tout l'espace du plateau et même au-delà. Le spectateur devient ainsi acteur de la folie galopante de Woyzeck. Cette adaptation ose la liberté, et donc forcément les excès.

Le spectateur y trouvera de beaux moments de tension, des scènes angoissantes ou drôles. Cette version de Woyzeck ne laisse pas indifférent, enthousiasmante pour les uns, irritante pour les autres, en fonction des sensibilités du spectateur.