Réalisé par Jacques Deschamps. France. Documentaire. 1h15. (Sortie 10 avril 2013).
À Paris, boulevard de Reims, à quelques pas de Levallois, de l'église Sainte-Odile et de la porte Champerret, il y a endroit qui ne paie pas de mine et qui, pourtant, éclaire fièrement ce coin perdu du 17ème arrondissement.
Un endroit où résonne la musique tsigane et où un homme tranquille, loin des fastes et des paillettes, a installé son modeste chapiteau.
Qu'on ne s'y trompe pas, ce petit cirque est un grand cirque. C'est le cirque rêvé par Alexandre Romanès. Un cirque qui méritait d'être au centre d'un film, mais pas n'importe quel film, pas n'importe quel documentaire.
Avec "Romanès", Jacques Deschamps s'est mis à l'unisson de la famille d'Alexandre. Pas question d'un tour exhaustif de la vie du cirque Romanès, pas question d'un portrait de son directeur charismatique, pas question d'images nostalgiques. Il ne s'agit pas de faire envie ni pitié mais de montrer simplement ce qu'est ce cirque où l'on préfère la poésie et le partage plutôt que le gigantisme et le spectaculaire.
On y découvrira donc comment Alexandre Bouglione est devenu Alexandre Romanès ; comment, avec l'appui enflammé de sa compagne Délia - sa magnifique et efficace "directrice de la communication" -, il a rendu vivant, réel, ce qui semblait si utopique. Car, dans une ère où la performance est un culte, il semblait fou de réussir à attirer un public avec des numéros sans esbroufe et de privilégier l'esprit sur le paraître.
On est bien au cirque Romanès, on est bien dans "Romanès" de Jacques Deschamps et l'on sera donc prêt à entendre à un autre son de cloche que celui de la rue et de la rumeur sur les Roms et les "Gens du voyage".
On rira (jaune) quand on suivra Alexandre, Délia et toute la troupe à l'Exposition universelle de Shanghai où ils sont la vitrine artistique du Pavillon français, puis qu'on les retrouvera boulevard de Reims luttant pour que certains d'entre eux ne soient pas expulsés pour répondre aux circulaires Besson-Guéant.
Deschamps n'a pas fait un documentaire militant mais une œuvre aussi humaniste que le discours d'Alexandre Romanès dont on appréciera la philosophie de vie. C'est peu dire que ce fils du vent est un poète et qu'il a su tirer de belles leçons de l'existence libre qu'il a menée envers et contre tous les bâtons qu'on a mis dans les roues de sa roulotte.
"Romanès" de Jacques Deschamps est un film à voir avant d'aller voir ou revoir le cirque Romanès. Écoutez ! Rien qu'à prononcer Ro-ma-nès, on entend l'écho de la musique tsigane... En piste !
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