Ballet-opéra de chambre de Ferdinand Ramuz et Igor Stravinsky, mise en scène de Mathilde Bost, direction musicale de Léonard Ganvert, avec Edouard Michelon, Lionel Rondeau, Véronique Brodsky, Ida Bost et les musiciens Germain-Cédric Robert ou Claire Triboy, Kaori Yokoyama ou Nicolas Morin, Fabien Galvier, Luc Delforge ou Lucas Perruchon, Thomas Chabalier, Cécile Nguyen ou Aliona Jacquet et Anne Vauchelet ou Raphaël Schwab.
C'est un soldat. Il a 15 jours de permission et rentre chez lui, dans son village. Chemin faisant il croise le Diable. Celui-ci lui propose un marché, le violon que le soldat a dans son sac contre un livre magique qui lui prédira l'avenir.
Dans cette pièce musicale écrite en 1918 par Igor Stravinsky et Charles-Ferdinand Ramuz, on retrouve l'histoire de nombreux soldats envoyés au front, qui reviennent traumatisés ou qui désertent alors qu'on leur avait promis une victoire rapide. Derrière la trame du conte de Charles-Ferdinand Ramuz, se dessine les premiers chapitres du "Voyage au bout de la nuit" de Louis-Ferdinand Céline. Bardamu part la fleur au fusil, et revient hanté par des cauchemars avec lesquels il ne peut plus vivre.
Pièce classique du répertoire qui n'a plus que de très lointains rapports avec l'époque contemporaine, l'histoire s'articule autour de deux dictons populaires : "L'argent ne fait pas le bonheur" et "Pour vivre heureux, vivons cachés". C'est une vision miniature du mythe de Faust ramené à la période troublée de la première guerre mondiale.
La musique de Stravinsky est composée pour sept solistes où chaque famille d'instruments est traitée dans ses registres extrêmes : violon et contrebasse, percussion, clarinette et basson, cornet à pistons et trombone. Les différentes parties empruntent aussi bien au répertoire classique (marches, choral) qu'à des danses "modernes" (tango, ragtime).
Pièce montée en période de guerre, sans moyens, ce ballet-opéra est conçu par Stravinsky et Ramuz comme une oeuvre de tréteaux qui peut facilement voyager d'un village à l'autre.
Par sa mise en scène, Mathilde Bost, retrouve l'esprit originel du mimodrame. Pour tout décor, la scène n'est occupée que par quelques cubes de bois. Les musiciens sont pour leur part assis sur des tabourets de différentes hauteurs autour du chef d'orchestre, Léonard Ganvert. La chorégraphie d'Ida Bost, qui interprète et danse le rôle de la Princesse, va aussi emprunter autant au classique qu'au moderne.
Les comédiens sont tous excellents. Anne Véronique Bradsky dans le rôle du Diable, Edouard Michelin dans celui du lecteur et Lionel Randeau comme soldat.
Quant aux musiciens, ils interprètent parfaitement la partition sous la direction de Léonard Ganvert : Thomas Chabalier (percussions), Luc Delforge (trombone), Fabien Galvier (cornet à pistons), Kaori Yokoyama (basson), Germain-Cédric Robert (clarinette) et Anne Vauchelet (contrebasse). Une mention particulière à Cécile Nguyen (violon), dont l'instrument est central puisqu'il symbolise l'âme du soldat, pour son interprétation inspirée.
"Histoire du Soldat" par la jeune Compagnie le Temps qui file est donc une belle réussite dans le registre classique. |