Elle a la voix mélancolie, Manu. La mélancolie de l'époque où elle chantait pour Dolly, fer de lance 90's de l'indie-rock à la française. L’instantanément reconnaissable. Le timbre, le ton, l'écriture. Amers-doux. Et sensuels. L'arrière-goût des années noires, aussi : 2005-2007, le temps d'un deuil ; impossible, forcément. Puis un retour, Rendez-vous en solo (2007), des tournées, un live. La lumière, simplement moins brillante.
Cinq années et des virgules plus tard encore, Manu confirme qu'elle s'est quelque peu rangé des guitares (électrisées, déferlantes, sonores), pour se concentrer sur une écriture plus pop et mélodieuse. On entend toujours à l'arrière-plan, comme "en creux" les Pixies, Sonic Youth, Polly Jean Harvey... mais il s'agit là d'influences bien digérées (comme on parlerait du "clavier bien tempéré").
En résulte un album certainement moins flamboyant, mais où l'on entend le poids des années, de l'expérience. Comme une profondeur supplémentaire. Moins candide. Et toujours cette voix, qui dit une certaine lassitude, l'air de rien. Tempus fugit. Irreparabile. |