Tragédie musicale conçue, chorégraphiée et mise en scène par Caroline Marcadé, avec Amir Abou El Kacem, Julie Bertin, Pauline Clément, Antoine Cordier, Emilien Diard Detoeuf, Anna Fournier, Kevin Garnichat, Zita Hanrot, Jade Herbulot, Morgane Nairaud, Martin Nikonoff, Antoine Reinartz, Sarah Jane Sauvegrain, Frédéric Siuen, et Anaïs Thomas.
Le mythe de la descente aux Enfers d'Orphée à la poursuite d'Eurydice est le fil conducteur de ce spectacle des élèves de deuxième année du Conservatoire National Supérieur d'Art Dramatique.
Le ballet prend naissance dans le royaume d'Hadès, où les morts se livrent à une chorégraphie collégiale de mouvements mécaniques conjurant le froid et la paralysie des âmes sous terre. Des voix s'élèvent de l'en deça. Orphée se débat contre des forces hostiles vers une Eurydice dérobée à ses bras.
La musique de Gluck, Purcell, de Haendel magnifie la condition humaine en proie aux désirs mélés du coeur et du corps. Les morts se relèvent à la vie, pour s'ébattre dans l'effervesce ce du gospel, du jazz et du rock. La jeunesse, traversée de flux électriques, ne vit que dans l'exaltation du corps.
Caroline Marcadé a imaginé un spectacle kaléidoscope, où tous les styles de danse, de musique se rencontrent et dialoguent dans une communion enthousiaste.
La part morbide est transcendée par la puissance du collectif des jeunes comédiens, et la sensualité se déploie à chaque évocation d'Orphée et d'Eurydice, qui se fragmente et se reforme en autant de couples de danseurs. La lutte du singulier contre l'ensemble est bien aussi la métaphore du travail de l'artiste dans un tel travail collégial : un travail précis, réglé, abouti.
Lorsqu'on considère que ce spectacle est le fruit d'un atelier de deux après midi par semaine d'octobre à mars, on ne peut qu'être admiratif du résultat obtenu, tellement est vaste le champ des explorations : en danse, les chorégraphies de la troupe, les duos de danseurs, les solos, en chant, chant choral, chant lyrique, chanson populaire, interprétation a capella, en comédie, drame et comique. Ce qu'on peut appeler un spectacle total.
On aurait peut-être une réserve concernant la clôture qui semble se dérober (telle Eurydice) pour un ajout de quelques tableaux supplémentaires qui paraissent de trop.
Il y a de quoi se réjouir de la qualité et des talents que recèle le CNSAD et qu'il révèle dans ses représentations publiques. |