Bons baisers sucrés de Singapour
La musique pop a prospéré à Singapour dans les années 60 quand un certain nombre de groupes locaux comme The Stompers ou The Silver Strings sont devenus populaires avec leurs chansons originales et leurs reprises de standards anglais ou américains. Une scène régionale fortement influencée par la musique écoutée par les troupes d’abord britanniques puis US stationnées sur place. Ce n’est pas pour rien que les premiers concerts eurent lieux dans les camps et les clubs militaires. Héritiers de ce passé et bien éloignés de la Cantopop ou HKpop mais pourtant fortement influencés par la musique anglo-saxonne, une évidence quand on sait que Singapour est parmi les pays le plus occidentalisé de l’Asie, Obedient Wives Club et Cashew Chemists font partie des plus beaux fleurons de la nouvelle scène du pays. Une nouvelle scène indépendante multiple et ouverte qui n’oublie pas non plus la twee pop.
Obedient Wives Club Murder Kill Baby - EP (Happy Teardrop, février 2013)
Inspiré autant par les sixties que par les sonorités Spectorienne (ils avouent faire du Spectorgaze), le quintette Obedient Wives Club, rien à voir avec une quelconque accointance avec un club de femmes sexuellement serviles à leur mari, délivre une pop légère et luxuriante pas très éloignée des Dum Dum Girls. Leur EP très rétro pop, emmenée par une chanteuse à la voix douce et sucrée, présente une musique sophistiquée aux mélodies mélancoliques, aux paroles oscillant entre nostalgie et émotions. Impossible de passer à côté et de ne pas succomber aux charmes de leur tube imparable "Requiem for a Lover".
Cashew Chemists EP (Autoproduit, janvier 2013)
Toute aussi précieuse et raffinée, la pop / rock plus masculine des Cashew Chemists lorgne aussi bien vocalement que stylistiquement vers The Walkmen et notamment leur dernier opus Heaven. Voix mélodieuse, vibrations vintage, nonchalance travaillée, pop classe et racée, surf pop sont au menu de cet EP. On imagine un rat pack moderne sauce singapourienne avec un pied ancré dans un passé fantasmé et l’autre dans un présent rêvé.
Deux disques à découvrir loin de tout exotisme mal venu… |