Réalisé par Zîrek. France. Drame. 1h10. (Sortie 1er mai 2013).
Avec Zirek, Simon Cohen et Gurgun Argan.
Zirek est apatride, comme l'indique sa carte d'identité. Ancien citoyen turc à son corps défendant de kurde, il est à Paris depuis déjà 33 ans. Certes, il a su faire de la capitale française bien plus qu'un pays d'adoption.
On ne naît pas parisien, on le devient disait Sacha Guitry, et c'est une chance car ainsi aucune autorité paperassière ne peut demander des comptes à Zirek, plus parisien kurde que kurde parisien.
N'empêche qu'il est né quelque part où il ne peut revenir à sa guise. Alors, c'est par procuration, la procuration de son fils, qu'il reviendra au pays des siens.
Dans "Pari(s) d'exil", il s'interroge sur lui-même et ce qu'il est ou n'est pas pendant que son fils, lui, découvre le pays de ces ancêtres. C'est peu dire que ce voyage, ponctué d'appels téléphoniques, perturbe celui qui ne peut pas voyager et lui fournit matière pour transmettre au spectateur son mal être de déraciné trop enraciné dans son déracinement.
Zirek, avec les moyens du bord, a tourné son histoire vécue avec beaucoup de générosité et sans chercher à se faire plaindre ni consoler.
En suivant son parcours, les détails qu'il en donne comme ceux qu'il omet, on comprendra mieux cette lueur de tristesse que l'on perçoit en voyant un "étranger" fumer pensivement sur un banc ou marcher la tête ailleurs dans une foule remplie d'autres lui-même.
"Pari(s) d'exil" est un moment d'échange avec tous ces autres, mais aussi, contradiction rassurante, le portrait d'un homme qui a fait de Paris un nid pour vivre autant que pour survivre.
Auto-fiction autant qu'auto-documentaire, "Pari(s) d'exil" de Zirek est une tentative très personnelle de se raconter. On envie Zirek d'avoir su tirer autant de leçons positives d'une expérience de solitude aussi dramatique. On lui souhaite de revoir son Kurdistan et puis, comme le poète, de revenir là où il s'est choisi une patrie personnelle pour vivre un exil cette fois-ci librement consenti... |