Comédie dramatique écrite et mise en scène par Carlotta Clerici, avec Anne Coutureau, Pierre Deny, Emmanuel Depoix et Sophie Vonlanthen.
Dans "C'est pas la fin du monde", sa dernière partition en date, Carlotta Clerici, continue de creuser le sillon du réalisme social à la Sautet avec ses grands thèmes de prédilection que sont la famille, la crise de la quarantaine, la déliquescence du monde avec la perte des repères et la crise des valeurs, l'érosion des sentiments et la fragilité de l'état de bonheur.
A travers les relations intimes et croisées de quatre personnages, elle décrypte le mécanisme des réactions en chaîne au niveau des destins individuels généré par des événements extrinsèques qui vont bouleverser radicalement leur vie.
En l'occurrence, la mort de la mère qui fait que l'individu ne sera plus jamais un enfant et scelle son entrée définitive dans une autre ère, et les aléas pécuniaires qui modifient le statut social modifient un ordre établi aux fondations fragiles, mouvantes, minées, rafistolées et surtout un équilibre instable entre frustrations et concessions.
e succèdent règlements de comptes familial et conjugal, trahison et rupture dans une sorte de tabula rasa qui oblige les protagonistes à remettre les pendules à l'heure, en l'occurrence par une remise en cause personnelle tant au niveau intime que de leur choix de vie. Trois d'entre eux, même secoués et cabossés, retomberont sur leurs pieds. Pas le quatrième peut-être plus fragile ou épris d'absolu.
Quatre personnages donc pour des duos à géométrie variable, un couple, un ex-couple, un frère et une soeur, deux beaux frères, deux belles-soeurs, pour explorer les relations d'amour et d'amitié sous haute tension.
Tout commence par un enterrement, celui de la mère de Viviane (Anne Coutureau), attachée de presse mondaine et carriériste, archétype de la bobo consumériste, que la vie aisée a rendu individualiste et cynique, vit par habitude en couple avec Eric (Pierre Deny), homme d'affaires victime de la crise financière et du démon de midi.
Mère également de Thomas (Emmanuel Depoix), opportuniste patenté sous couvert de posture d'artiste marginal à l'éthique intransigeante, qui fut le premier mari de Sophie (Sophie Vonlanthen), l'indécrottable amoureuse qui a raté le coche du grand amour et angoissée de la vie, architecte investie dans la bataille écologique et enlisée dans l'engament humanitaire.
A travers des scènes courtes aux dialogues aiguisés piquetés d'humour qu'elle met en scène de manière très cinétique, Carlotta Clerici brosse des portraits humains et sensibles de vrais gens qui se débattent vaillamment dans les rets de la vie.
Sur scène, le quatuor formé par Anne Coutureau, Pierre Deny, Emmanuel Depoix et Sophie Vonlanthen donne le meilleur pour incarner cette humanité balloté par les courants violents du grand fleuve de la vie. |