"L’enquête sur le tableau qui bouleverse l’histoire de la chrétienté".
Belle accroche, qu’est-ce qu’on va encore apprendre sur Marie-Joseph-Jésus-ses-disciples-et-ses-détracteurs ? Fiona McLaren a ce tableau dans sa famille depuis fort longtemps, elle l’a toujours gardé dans un coin de son cœur (et de son champ de vision, j’imagine) parce qu’il l’intriguait. Elle passe beaucoup de temps à le retourner, le contempler, elle en connaît chaque millimètre par cœur, peut même reproduire la bulle papale de son verso les yeux fermés. Elle veut en savoir plus. Nous aussi.
Fiona McLaren était infirmière, grand bien lui fasse, investigatrice n’est pas son métier, et alors ? Elle fonce. Elle ramasse toutes les miettes et les tranches d’indices et d’explications qu’elle trouve sur son chemin, elle rassemble des documents, lit des ouvrages, rencontre des spécialistes, des historiens… Puis elle trouve. Elle comprend et nous en fait part dans ce recueil de données commentées.
Loin d’être laborieuse, la lecture du roman est facile, l’auteure nous fait part de ses découvertes et de ses doutes, partage ses joies et ses déceptions avec son lecteur. Elle aurait pu écrire un roman d’investigation avec une belle héroïne et un acolyte. Mais elle ne savait pas où elle allait quand elle a commencé. Nous découvrons le scénario en même temps qu’elle et finissons par partager ses émotions.
L’enquête débute d’un tableau pas vraiment banal représentant la Vierge à l’enfant, de Léonard de Vinci. Sauf que c’est un leurre. Il s’agit de la femme de Jésus et de son fils. Que le titre est trompeur parce qu’il faut à tout prix cacher l’existence d’une descendance à Jésus. Qu’il faut préserver la misogynie de l’église en le présentant célibataire. Qu’il a survécu à la crucifixion. Qu’il s’est enfuit dans le décor de l’arrière-plan. Que les francs-maçons et avant eux les templiers sont les protecteurs de cette vérité troublante.
Da Vinci Code a éveillé les passions et attisé des curiosités. L’enquête de Fiona McLaren marche sur les mêmes traces, ajoutant des faits, des indices, des théories, des preuves de ce qu’elle avance. J’ai eu l’occasion de parler de cette théorie avec un homme d’église ouvert d’esprit (oui, il en reste quelques uns), il a d’abord ri. Puis il a admis que l’histoire de Jésus que nous connaissons avait été écrite pour convaincre, qu’une résurrection est scientifiquement impossible, quant à savoir s’il a survécu ou s’il s’agissait d’un sosie, nous devrions nous rendre sur place pour le savoir.
Il a ensuite évoqué les véritables objectifs de ces théories, leur but est en partie d’éprouver la foi des croyants. Puis nous nous sommes engagés dans un débat passionnant sur la désuétude des églises et leur rôle. Mais je m’égare (encore).
Bref, les Noces de Canaa célèbrent le mariage de Jésus avec Marie-Madeleine (présentée plus tard comme prostituée par les puissants, histoire de la décrédibiliser), ils ont eu des enfants, se sont enfuis et ont vieilli en France, protégés par les templiers. La théorie existe depuis longtemps. Fiona McLaren nous donne des raisons d’y croire un peu plus. Rendant l’histoire plus crédible. Et ce que nous en avons fait plus injuste.
Passionnant. |