Le temps du soleil, des trains, des terrasses de café semble enfin revenu. C’est le moment idéal pour plonger dans des livres gais, qui respirent l’amour, l’affection ; ce genre de livres qui se lisent avec un cœur et une tête légers, ce genre de romans dont nous gratifie, souvent, Janine Boissard. Et ça tombe bien puisque son nouvel opus Chuuut ! vient de paraître aux éditions Robert Laffont.
L’écrivain a habitué ses lecteurs assidus à des romans familiaux dans lesquels l’amour répare les failles de la vie quotidienne (vie de couple difficile, divorce, relations parents-enfants tumultueuses…). Après sa quarantaine de livres, on réussit à bien cerner l’auteur et ses messages moraux : la famille et l’amour, voilà ce qui compte et ce qui doit primer. Un point de vue partagé si l’on considère le succès de ses romans.
Dans Chuuut, la recette ne change pas : nous voici dans un immense domaine qui abrite plusieurs membres d’une même famille. Chacun d’eux a un caractère bien défini ; certains se tolèrent, d’autres sont inséparables, en tout cas tout ce petit monde évolue sous le regard bienveillant et protecteur des grands-parents qui ont bâti cet empire grâce à leur vignoble. Dans cette riche famille, les traditions sont respectées et l’honneur est une valeur sûre : quelques soient les épreuves, on ne montre aucune faille, pas de fragilité. Pas de sentiments non plus, peut-être ? C’est là que la bât blesse et c’est là que Janine Boissard attaque ses personnages en leur soumettant un événement inattendu ; le retour parmi eux de Nils, le fils de la fille perdue qui s’est enfuie avec un proxénète et qui est morte loin des siens, sans jamais oser les appeler à l’aide. L’équilibre familial commence dès lors à se fissurer ; jalousie, suspicion… L’accueil d’un quasi-étranger est difficile même dans cette famille modèle. Surtout lorsque, quelque temps plus tard, la fillette des gardiens est retrouvée assassinée dans la cabane du jeune homme. Commence alors une véritable enquête policière menée par le présumé coupable mais aussi par ses cousines totalement acquises à sa cause. Surtout Fine. Qui découvre l’attachement, la tendresse et peut-être davantage grâce à ce nouvel arrivant. Qui découvre le poids des interdits culturels, aussi.
Dans son nouveau roman, Janine Boissard continue à distiller ses convictions et ses valeurs morales. C’est, comme à l’accoutumée, plein de bons sentiments (trop ?), consensuel et facile à lire. Cependant, l’introduction d’une enquête surprend agréablement le lecteur ; on se laisse prendre au jeu, on sait que la vérité éclatera mais on l’attend impatiemment tout de même, et l’intrigue est assez convaincante, finalement. L’écriture détonne également : l’auteur fait raconter son histoire par les différents protagonistes. Pas de narratrice omniprésente ou omnisciente, les héros sont invités à donner leur opinion. Rien de révolutionnaire en littérature, certes, mais un changement dans l’écriture de Janine Boissard, une petite surprise bienvenue, qui permet au lecteur de ne pas se lasser et d’apprécier ce nouvel opus. |