Réalisé par Alejandro Landes. Colombie/Espagne/Uruguay/France. Drame. 1h40. (Sortie 8 mai 2013). Avec Porfirio Ramirez Aldana, Jarlisson Ramirez Reinoso et Yor Jasbleidy Santos Torres.
Porfirio a eu le malheur d'être pris entre le feu croisé des balles de la police et de la guérilla colombiennes. Désormais en chaise roulante, il attend qu'on lui verse une pension pour le dédommager des ses souffrances.
Sans véritables ressources, avec un grand fils à charge et une compagne dévouée, il porte autour du cou une chaîne au bout duquel pend un téléphone portable et vend à ses voisins, encore plus misérables que lui, quelques minutes de temps téléphonique.
Le réalisateur Alejandro Landes a scénarisé cette vie répétitive, entrecoupée par quelques ébats sexuels avec la femme de sa vie, Jasbleidy, et quelques engueulades ou séances de piscine avec son fils, Lissin.
Porfirio doit user de beaucoup d'énergie pour passer de son lit à sa chaise roulante, pour meubler les heures à attendre des clients. Il sait ainsi combien un tuyau de zinc compte de rainures. Mais, pour survivre à sa vie végétative, Porfirio compose des chansons, évidemment pas d'une franche rigolade. Le ventilateur tourne et l'homme handicapé se débat sur son lit, espérant toujours pouvoir s'extraire seul de son lit.
Alejandro Landes a fait de "Porfirio", histoire vraie même dans son épilogue, un documentaire sans concession, filmant souvent subjectivement, montrant ce que voit du monde l'homme allongé se redressant pour se perdre dans la contemplation d'une pluie qui tombe ou regardant un groupe de militaires armés jusqu'aux dents passer devant son minuscule champ de vision.
Des plans fixes intenses se succèdent comme celui où Porfirio, au centre de l'écran assis dans sa chaise roulante, pleure en reniflant.
Parfois, Porfirio quitte sa maison pour dévaler en fauteuil la rue qui descend. Il va vite et son chien a du mal à le suivre jusque devant les bureaux des "Demandes contre l'État" où il attend, en vain, que son avocat le reçoive...
Taiseux, Porfirio a la dignité de ceux qui n'avouent rien, sauf qu'il "en a assez d'être à la maison". Surtout après s'être fait voler son portable et avoir tâché son matelas suite à un besoin pressant.
On le suivra en partance pour Bogota pour réclamer ses droits avec des grenades astucieusement dissimulées dans ses couches pour bébé adulte. Landes reconstitue la véritable histoire de Porfirio devenu pirate de l'air pour que les autorités colombiennes respectent leur parole.
Documentaire et fiction à la fois, "Porfirio" d'Alejandro Landes trace un beau portrait, celui d'un homme humilié, une victime parmi d'autres dans un pays violent où l'individu n'a guère de prix. Porfirio Ramirez Aldana n'a pas renoncé. Il a le courage des hommes qui restent des hommes envers et contre tout. Porfirio est un exemple pour la Colombie et bien d'autres pays rongés par la pauvreté. On ne l'oubliera pas. |