Vaudeville de Georges Feydeau, mise en scène de Jean-Paul Tribout, avec Emmanuel Dechartre, Jacques Fontanel, Marie-Christine Letort, Claire Mirande, Thomas Sagols, Xavier Simonin et Jean-Paul Tribout.

S’il est un vaudeville, c’est bien celui-ci. Premier grand succès de Georges Feydeau, "Monsieur chasse !" présente tous les ingrédients habituels et attendus - placards, messieurs en caleçon, dames évanouies, amis niais et gaffeurs, portes qui claquent, "Ciel, mon mari !" etc - sans, peut-être, le côté grinçant et satirique des œuvres postérieures.

Duchotel part à la chasse, du côté de Chantilly. Bonne occasion pour l’ami intime, Moricet, de séduire Madame Duchotel, citadelle de vertu ou de prudence. Mais le fusilleur de lapins a rendez-vous, en fait, dans le quartier de la Nouvelle-Athènes, avec une gueuse. Par le fait du diable, tout le monde va se retrouver sur le même palier. Et que le menteur gagne !

Jean-Paul Tribout - qui joue aussi le rôle de Duchotel - a choisi une mise en scène très classique, fidèle à l’esprit de l’auteur. Les portes sont là, les valets, rayés de gilet, les costumes brillent de neuf, les pantalons ont des bretelles, et les mollets des porte-chaussettes.

Parmi la troupe, excelle Claire Mirande, qui offre une vraie composition d’aristocrate déclassée, devenue concierge d’une maison borgne, parfaite de trouble, de soupirs, de résignation et d’incapacité à son nouveau métier, comme quoi on peut inventer, avec Feydeau (le choix d’une robe qui n’est pas "1900", mais plus "Ancien régime" est une trouvaille, bravo Julie Allègre !).

Thomas Sagols, neveu un peu "cafard", l’œil égrillard et le chantage envisageable sans grande douleur morale, est succulent de drôlerie. Emmanuel Dechartre, mari trompé, s’agite avec dignité, très convaincant. Bravo aussi à Xavier Simonin, à la forte présence, commissaire de police distingué et mondain et valet retors à moumoute.

Jacques Fontanel a du métier. Marie-Christine Letort résiste quelque peu au rôle. Jean-Paul Tribout s’amuse beaucoup à cette composition de faux chasseur. Parfois le rythme baisse, puis remonte.

On regrettera quelques erreurs d’éclairage (scène d’obscurité dans la chambre…se passant en pleine lumière, cassant la drôlerie). Mais il y a de très bons instants et les amateurs se délecteront des mimiques ahuries et des tentatives désespérées de ces affabulateurs associés.

A recommander pour fuir la morosité.